Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/49

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Peut-être, avant de quitter ce sujet de l’étendue de la propriété rurale, n’est-il pas inutile de signaler une enquête récente du ministère de l’Agriculture qui vient de rechercher l’importance relative de la grande, de la moyenne et de la petite propriété rurale dans les différents départements et sur l’ensemble du territoire français. Cette enquête, qui fait voir quelle est la proportion des domaines de chaque catégorie exploités par leurs propriétaires ou confiés à des fermiers, établit que la petite propriété a une tendance à se développer aux dépens de la grande. La tendance en question est manifeste depuis vingt ans dans 42 départements, elle est nulle dans 17 départements et négative dans 13 départements seulement ; on lui attribue pour causes les droits protecteurs, qui, maintenant un prix élevé pour les produits du sol, encouragent le petit agriculteur à les obtenir, et la rareté de la main-d’œuvre qui met le gros cultivateur en mauvaise posture. Il paraîtrait aussi que le gros cultivateur, pour vouloir faire trop grand, s’est parfois ruiné, tandis que celui qui exploite une propriété moyenne, obligé de compter davantage avec ses capitaux, s’est souvent enrichi par une économie bien entendue.

L’accession d’un plus grand nombre d’individus à la propriété du sol est assurément une bonne chose, toutefois je crois que la disparition complète de la grande propriété serait aussi funeste qu’un émiettement trop considérable des capitaux industriels, et c’est pour cela que, tout à l’heure, j’ai arrêté mon attention sur l’exploitation de 200 hectares et au-dessus cultivée par le propriétaire terrien sorti d’une de nos bonnes écoles d’agriculture. Ce chiffre de 200 hectares est très supérieur aux moyennes données par l’enquête du ministère de l’Agriculture et, quelque intérêt qu’il présente à mes yeux en raison des leçons de choses que le petit et même le moyen fermier peuvent tirer de la grosse exploitation, il serait injuste de mépriser les entreprises plus modestes.

On trouvera dans la Statistique générale de la France, établie par M. Tisserand, ancien directeur de l’Agriculture, président de la Société nationale, d’agriculture de France pour l’année 1911, tous les renseignements nécessaires sur la valeur fon-