Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v5.djvu/304

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bout du bâtiment à l’autre, maſſacra tout ce qui & trouvoit ſur ſon paſſage. Lorſqu’il eut forcé l’ennemi de ſe rendre, laiſſant à ſes compagnons toute la joie d’un riche butin, on le vit contempler avec une volupté ſanguinaire les cadavres entaſſés de cette nation, à laquelle il avoit juré une haîne inſatiable de carnage.

Cette fureur eut bientôt de nouvelles occaſions de ſe ſignaler, ſans s’aſſouvir. Le vaiſſeau qui le portoit arrive à la côte de Saint-Domingue. Les François de l’iſle y portent peu de rafraîchiſſemens, & allèguent pour excuſe que l’Eſpagnol a ravagé leurs établiſſemens. « Comment le ſouffrez-vous, dit bruſquement Montbars ? Nous ne le ſouffrons pas non plus, répliquent-ils du même ton ; & l’ennemi nous connoît bien. Auſſi a-t-il pris le tems où nous étions à la chaſſe. Mais nous allons joindre quelques-uns de nos camarades encore plus maltraités que nous ; & alors on verra beau jeu. Si vous voulez, reprend Montbars, je marcherai à votre tête, non pour vous commander, mais pour m’expoſer le premier ». Ces barbares, jugeant