Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v7.djvu/382

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en reſte, ont des vues, font la cour aux grands & profeſſent la religion politique. La tyrannie menant à ſa ſuite l’eſpionnage & la délation, il y a des délateurs & des eſpions, dans tous les états, ſans en excepter les plus diſtingués. La moindre indiſcrétion prenant la teinte du crime de lèze-majeſté, les ennemis ſont très-dangereux, & les amis deviennent ſuſpects. On penſe peu ; on ne parle point, & l’on craint de raiſonner. On s’effraie de ſes propres idées. Le philoſophe retient ſa pensée, comme le riche cache ſa fortune. La vie la plus ſage, eſt la vie la plus ignorée. La méfiance & la terreur forment la baſe des mœurs générales. Les citoyens s’iſolent ; & toute une nation devient mélancolique, puſillanime, ſtupide & muette. Voilà les chaînes, les ſymptômes funeſtes, ou l’échelle de misère ſur laquelle chaque peuple connoîtra le degré de la ſienne.

Si vous revenez ſur les phénomènes qui précèdent, & que vous en imaginiez de contraires, ils vous indiqueront le mouvement des légiſlations, qui tendent à la liberté. Il eſt troublé ; il eſt rapide ; il eſt violent, C’eſt une fièvre plus ou moins forte, mais