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INTRODUCTION

Les rôles grotesques, que Hans Sachs avait introduits déjà dans un certain nombre de ses pièces, ne reçurent une forme tout à fait régulière que dans celles du duc de Brunsvic Henri-Jules et de Jacques Ayrer.


Il est curieux qu’en dehors de la France, les fous ou les sots semblent n’avoir été des personnages vraiment populaires que dans les théâtres du nord de l’Europe. Les facéties des bouffons allemands se retrouvent dans les pièces de Hieronymus Justi, autrement dit Hieronymus Justesen Ranch, qui, le premier en Danemark, donna aux fous des rôles écrits, dont il ne dédaigna pas de se charger lui-même[1]. Au-delà même de l’Allemagne, les quelques mystères bohèmes qui nous sont parvenus présentent des parties comiques qui les rapprochent singulièrement de nos anciennes productions dramatiques. Le célèbre fragment connu sous le titre de Mastičkář (le Vendeur de parfums), que certains auteurs prétendent appartenir au XIIIe siècle[2] mêle à un sujet d’édification les facéties les plus grossières. Il est probable que le public auquel s’adressaient de semblables joyeusetés se plaisait à entendre les discours fortement épicés des fous ; mais c’est là, nous l’avouons,

  1. Voy. Hieronymus Justesen Ranch’s danske Skuespil og Fuglevise, udgivne ved S. Birket Smith (Kjõbenhavn, 1877, pet. in-4), introd., pp. xiij, xxxij. Birket Smith avait promis une étude spéciale sur les diables et les fous dans le théâtre danois, étude dont la première partie seule a paru dans les Danske Samlinger, II. Række, III, 1874, p. 219.
  2. Voy. Hanka, Starobýla Skaladanie (w Praze, 1823, in-8), p. 198 ; Nebeský, Časopis českého Museum, 1847, I, P. 325, etc.