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INTRODUCTION

une simple conjecture. Les rares monuments du théâtre tchèque qui, après la terrible guerre de trente ans, ont échappé à la poursuite des jésuites, ne nous en fournissent pas la preuve. Enfin, les plus anciennes pièces polonaises mettent en scène un bouffon, le klecha, qui n’est pas sans analogie avec le sot ou le fou des pays voisins[1].


Les fous n’obtinrent pas la même faveur dans l’Europe méridionale. Les mystères provençaux que nous possédons n’en offrent pas de trace, et M. D’Ancona[2] n’en trouve pas non plus dans l’ancien théâtre italien. Dans les sacre rappresentazioni ce sont toujours des anges qui font les annonces aux spectateurs ; on n’y rencontre, à notre connaissance du moins, aucun rôle de sot. À part Alione, qui a fait précéder une de ses farces d’un long sermon débité par un sot ou bouffon[3], il faut descendre, pour trouver des bouffons, jusqu’à la commedia dell’ arte[4]. En Espagne, le bobo, ou badin, est un personnage obligé des premiers autos ; mais nous ne voyons à citer, dans l’ordre d’idées qui nous occupe, que les œuvres de Torres Naharro. Cet auteur semble avoir connu la

  1. Wójcicki, Teatr starozytny w Polsce (Warszawa, 1841, in-8), I, p. 93.
  2. Origini del Teatro in Italia, secunda edizione ; Firenze, 1891, 2 vol. in-8.
  3. Commedia e Farse carnovalesche nei dialetti astigiano, milanese e francese, misti con latino barbaro, composte sul fine del secolo XV da Gio. Giorgio Alione (Milano, Daelli, 1865, in-16), p. 289. — Alione, qui copie toujours le théâtre français, débute par un triolet.
  4. M. D’Ancona (Origini, t. II, p. 206) relève pourtant en Italie des traces de la fête des fous.