Page:Reinach - Raphaël Lévy, une erreur judiciaire sous Louis XIV, 1898.djvu/132

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d’avoir fait un enlèvement semblable à celui que l’on a imputé à Raphaël Lévy. L’accusateur, qui s’appelait Bernardin, ne manqua pas de produire plusieurs histoires semblables à celles qu’a rapportées l’auteur de l’Abrégé du procès ; mais les juges étant très bien instruits des lois et des coutumes hébraïques, après avoir examiné l’affaire, reconnurent l’innocence de Joseph et l’imposture de Bernardin.

Les Juifs de Metz espèrent aujourd’hui la même justice du Roi très Chrétien et de son Conseil, qui découvrira facilement toutes les calomnies dont on a chargé jusqu’à présent leur nation. Elles ne sont appuyées, ces calomnies, que sur les faux rapports du peuple et sur des histoires faites à plaisir. Ils espèrent de Sa Majesté que loin de les bannir de Metz, elle les confirmera à l’exemple des Rois ses prédécesseurs.

Enfin, si ce qu’allègue l’auteur du libelle fait encore impression sur l’esprit de quelques Chrétiens, après ce qui vient d’être dit, on les prie de se souvenir que leurs pères ont été accusés du même crime, comme on le peut voir dans Minutius Felix, dans Tertullien et dans plusieurs autres de leurs anciens auteurs.

Il ne suffisait pas d’avoir accusé les Juifs de cruautés, il fallait encore les faire passer pour magiciens ; mais les personnes savantes n’ignorent pas les lois qui sont contre les magiciens, dans la loi de Moïse et dans les autres livres qui leur servent aujourd’hui de règle. Ils ont toujours puni sévèrement, à l’exemple de Saül, ceux qui sont convaincus du crime de magie. Si Raphaël a prononcé trois fois certains mots hébreux ç’a été en forme de prières, pour souffrir avec plus de patience la question, ainsi qu’autrefois ceux qui mouraient pour la religion chrétienne enduraient les tourments avec une