Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/69

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leurs de bons muscles et un bon appétit, et des propositions telles que : « ce n’est pas pour rien que nous habitons au cinquième, » ou : « Les revolvers ne sont pas faits pour les chiens » et d’autres encore de la même farine, au lieu de l’empoisonner une fois pour toutes, ont sur elle l’action des microbes, vaccin contre la maladie que dans d’autres proportions, ils eussent donnée. Ainsi, des germes, dont, à première vue, on eût cru qu’ils tueraient, préservent de cette mort même qu’ils portent en eux. N’empêche qu’une légère fièvre, une éruption en miniature travaillent, un temps au moins, les vaccinés sentimentaux et les autres.

Les remarques de Mme  Blok et de Mme  Dumont-Dufour sur le suicide et la folie ont donc fait de Diane et de Pierre des frère et sœur dont la parenté acquise dès ses débuts prit d’autant plus de force que l’angoisse de Diane alors, chaque jour, s’affirmait davantage et que celle de Pierre n’a jamais cessé de croître.

Mais l’obsession de Mme  Blok manque de ressources. Sa rengaine assez peu variée souffre qu’on s’y habitue, si bien que sa fille arrive à ne plus entendre la litanie plaintive et monocorde.

Ainsi, peu à peu, au lieu de s’effrayer du trop lourd héritage des Blok, sous quoi sa mère déjà voyait ployer ses épaules, elle a redressé la taille, s’est rappelé qu’il faut respirer par le nez. Au matin, elle ouvre la fenêtre et se lave la poitrine de l’air d’un Montrouge