Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/72

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de brûler derrière les vitres des yeux toujours corrompt le soleil, pourrit le ciel.

Une flamme vacille, mais ne s’éteint pas et son anxieuse obstination éclaire des messes noires dans des nefs d’os. Pierre a honte des visages, des corps que son sommeil invente et qui le torturent la nuit.

Fuir ? Appeler au secours ?

Il murmure un nom ! Diane.

Diane.

Comme tout se simplifierait si elle acceptait de ne jamais le quitter. Elle seule sait trouver les mots qui apaisent et tout ce qui peut contre une tristesse. Elle a des douceurs précises, des intentions exactes et n’ignore rien des grandes et petites consolations. Ainsi, après avoir prouvé à Pierre que ce n’est point parce que le colonel a écrit un millier de fois la même lettre à Mme  de Pompadour qu’il doit se croire lui-même voué à la folie, elle le mène sans qu’il se doute jusqu’à l’ombre des trois arbres qui mettent, sur la berge d’une Seine plombée, une fraîcheur dont un soleil trop cru, trop brusque, donnait la soif. L’hiver, elle va droit aux rues qu’il faut suivre pour éviter le vent, ses épingles et celles de l’anxiété. Si Pierre décide d’aller au théâtre, elle n’a qu’à regarder la colonne Morris pour lui dire ce que valent les promesses multicolores dont la mosaïque les a tentés, et que, s’il voit telle pièce dont le titre fleuri