Page:Renan - L’Avenir de la science, pensées de 1848.djvu/537

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sans aucune notion de temps. La même locution s’emploie, d’ailleurs, en grec et en latin pour signifier : Or, d’ailleurs, mais. Il faut donc simplement traduire : « Mais mon royaume n’est pas de ce monde. » Une autre discussion des plus importantes et des plus vives de toute l’exégèse biblique (Isaïe, ch. liii) roule tout entière sur l’emploi d’un pronom (lamo).

(104) Traduction du Bhagavat-Purana de M. Eugène Burnouf, t. Ier, préf., p. iv, clxii, clxiii.

(105) M. Auguste Comte a beaucoup arrêté son attention sur ce difficile problème, et propose de remédier d la dispersion des spécialités en créant une spécialité de plus, celle des savants qui, sans être spéciaux dans aucune branche, s’occuperaient des généralités de toutes les sciences. (Voir Cours de Philosophie positive, t. 1 1re leçon, p. 30, 31, etc.

(106) Pour le dire en passant, je ne conçois qu’un moyen de sauver cette précieuse collection et de la conserver maniable, c’est de la clore, et de déclarer, par exemple, qu’il n’y sera plus admis aucun livre postérieur à 1850. Un dépôt séparé serait ouvert pour les publications plus récentes. Il y a évidemment une limite où la richesse d’une bibliothèque devient un obstacle et un véritable appauvrissement, par l’impossibilité de s’y retrouver. Cette limite, je la crois atteinte.

(107) Les charges qu’on impose au contribuable pour ces fins spiritualistes sont au fond un service qu’on lui rend. Il bénéficie d’un emploi de ses écus qu’il n’était pas assez éclairé pour vouloir directement. On fournit ainsi au contribuable, souvent matérialiste endurci, l’occasion, rare en sa vie, de faire un acte idéaliste. Le jour où il paie ses contributions est le meilleur de sa vie. Cela expie son égoïsme et sanctifie son bien souvent mal acquis et dont il fait mauvais usage. En général, l’impôt est la partie la mieux employée de la fortune du laïque, et elle sanctifie le reste. C’est l’analogue de ce qu’était dans les mœurs antiques, la libation, acte de haut idéalisme, prélèvement touchant fait pour l’invisible, l’inutile, l’inconnu, et qui d’un acte vulgaire fait un acte idéal. L’impôt presque tout employé à des fins civilisatrices, est, de la sorte, par sa signification suprasensible, ce qui légitime la fortune du paysan et du bourgeois ; c’en est, en tout cas, la partie la mieux employée. De profane qu’elle est, la richesse devient ainsi quelque chose de sacré. L’impôt est de notre temps ce qu’était, dans les anciens usages, la part que chacun faisait « pour sa pauvre âme » à l’Église et aux œuvres pies. Il faut, pour le bien même du contribuable, tâcher de faire cette part aussi grosse que