Page:Renan - Lettres du séminaire, 1838-1846.djvu/222

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larcin infâme ; j’avais dans une caisse dans un petit grenier isolé toutes les cartes que tu avais faites, tes gravures, ma carte de Paris qui m’amusait beaucoup ; je notais la capitale de ma chambre sans craindre d’être coudoyée, ni les filous dont on parle tant. Ils se sont trouvés dans mon grenier, les indignes, j’aurais mieux aimé les voir à Paris où la police leur fait la guerre. J’ai été très sensible à la perte de tes cartes que tu as eu tant de peine à faire et qui étaient si bien soignées. Et ma pauvre carte d’Algérie que j’avais portée la veille. Je suivais nos armées sans craindre les Bédouins et leurs yatagans. Tout est parti, mon fils, j’ai trouvé ma caisse vide. J’avais entendu du bruit dans le grenier, je montai en toute hâte, je trouvai mes gamins qui couraient dans le grenier de Tallibart au lieu d’aller voir si on m’avait pris quelque chose, ce que je n’aurais jamais imaginé. J’ai mis avec grand empressement un cadenas sur la porte ; plus tard, quand je suis allé chercher ma carte d’Alger, je n’ai rien trouvé. Je suis restée comme stupéfaite j’en ris encore comme une sotte. Je m’imagine, mon enfant chéri, que je cause