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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 4, 1883.djvu/14

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4 1752 — MONSIEUR NICOLAS

» je me nomme Gaudet d’Arras. — Gaudet d’Arras ! » s’écria le jeune clerc, « ha ! mon cher cousin !... — » Reconnaissance pathétique ! » disait d’Arras en l’embrassant ; « si nous pleurions ?... — Ma foi, non ; » je suis trop aise de rencontrer, dans mon parent, » l’ami de mon ami ; je ne veux que rire. — Hé » bien donc, gaudeamus ! » reprit Gaudet d’Arras. « A demain, mes amis. Ne manquez pas l’heure ! » c’est à huit, au plus tard ; mais plus tôt serait » mieux, à cause de notre grand’messe. — A sept, » dit Gaudet ; « j’ai l’appétit ouvert deux heures avant » de me lever. »

Le lendemain matin, avant huit heures, nous étions au couvent. La chambre de d’Arras était riante, et donnait sur le jardin ; les mets du déjeuner, proprement disposés, frappaient agréablement l’odo- rat : vingt-quatre bouteilles étaient rangées sur les tablettes, une de vingt-cinq feuilles, deux de vingt- quatre, trois de vingt-trois, quatre de vingt-deux, cinq de vingt-un, six de vingt, quatre de dix-neuf et trois seulement de quatre feuilles ; ces dernières de- vaient être bues immédiatement avant la bouteille de vingt-cinq. On avait ainsi, tant par le choix que par l’âge, tous les vins de la Bourgogne dans le seul vin de la ville. C’était un présent à d’Arras, de M. Bourgoin, l’ami de M. Parangon, et père de la future éventuelle de Gaudet d’Arras ; la table de cet habile chirurgien était la mieux garnie de la ville, celle à laquelle le maître donnait le plus d’impor- tance ; en un mot, c’était le sanctuaire de la Gour-