Page:Reval - La cruche cassee.djvu/17

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travail, par des réseaux puissants et minuscules, draine jusqu’au cœur de la terre.

Depuis une semaine, le sol, jonché de poussières mortes, de feuilles, de branchelettes, d’aiguilles de pins, ou gris comme le lin des quenouilles, disparaissait à son tour sous la montée verdoyante des mousses. Après le Joli-Bois, frêle rameau dont les capsules de corail distillent une odeur ardente de musc, après les pâles violettes, c’était enfin, dans toute l’Argonne, la floraison du muguet.

Dans les villages, les jeunes filles s’en vont au bois remplir leur panier de fleurs nouvelles ; c’est la saison propice aux fiançailles. Le dimanche, après les vêpres, filles et garçons, se tenant par le bras, montent vers la forêt ; ils reviennent deux par deux, les mains pleines, chantant :

Voici le joli mois de mai.
Avril passé,
Je ne puis tenir mon cœur
De joie chanter.
Ô Trimazos[1]

C’est le mai, le beau mai
C’est le joli mois de mai.
Ma bonne dame, vous savez
Notre beau mai s’en va-t-’aller,
Tirez la bourse et ouvrirez
Cinq ou six sous à nous donner
Ô Trimazos

. . . . . . . . . . . . . .


. . . . . . . . . . . . . .

  1. Trimaza… fillette endimanchée qui, dans quelques localités de Lorraine, va en mai, avec ses compagnes, quêter pour orner l’autel de la sainte Vierge, en chantant une requête nommée Trimaza ou Trimazo.