Page:Reval - La cruche cassee.djvu/19

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frotte ses joues, son cou, ses jambes nues, avec les pétales embaumés. Aline se défend contre les espiègleries de sa petite sœur, qui veut à présent lui frottailler le visage.

— Non, non, laisse-moi tranquille, tu « bouchonneras » Charles avec tes fleurs.

— Vilaine, fait Suzie, pourquoi ne veux-tu pas jouer ?… Laisse-moi t’embrasser au moins.

La grande sœur ouvre ses bras, la gamine impétueuse s’élance et se roule comme une jeune chienne, ivre de gambades, loin de son maître.

— Allons, allons, petite folle, tu vas me mettre en pièces, sois sage, regarde le miracle.

Aline tient devant elle une « toquée » de muguet.

— Désigne-moi les différentes parties de la plante, comment appelles-tu ça ?

— Pé-don-cule, répond l’enfant, très fière pour ses douze ans, de savoir un peu de botanique.

— Quelle famille ?

Suzie cherche, fait la moue, et risque : une liliacée !

— Très bien ! Oh ! ma chérie, comme il fera bon venir souvent au bois, nous étudierons toutes les plantes. Charles emportera sa boîte verte et nous composerons un herbier lorrain.

— Avec des petites pancartes dans le bas, insiste Suzie ; on écrira en ronde : « Cueilli dans les bois de Gondreville en mai, juin, juillet, etc., par mademoiselle Aline Robert.

— On mettra aussi Suzanne Robert !

— Vrai ?… il faut que je t’embrasse encore.

Et aussitôt deux baisers sonnent sur les joues de la