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là, exprimée sous une autre forme, la théorie freudienne de la sublimation, selon laquelle la tendance sexuelle peut se transmuer en une tendance plus élevée, plus compatible avec les obligations sociales ou morales ? Et cette théorie de la sublimation de l’amour sensuel, qui est aussi l’un des principes nouveaux et féconds proposés par Freud, avait été entrevue par Secrétan, ainsi que l’a rappelé M. Pierre Bovet, dans son livre sur l’Instinct combatif.

La seconde citation, je l’emprunte au Dr  Dide, qui, tout à l’heure, maltraitait si fort son collègue de Vienne. Dans un paragraphe intitulé « L’héroïsme dans ses rapports avec l’instinct génital », l’auteur résume les observations qu’il a faites au cours de la guerre : « Une ancestrale puissance pousse les hommes à agir de façon à mettre en lumière leur valeur, leur courage… J’y vois la preuve d’un instinct qui remonte plus haut que les origines humaines et dont le but métaphysique est l’amour… En fait, consciemment ou non, l’instinct génital domine toute la première partie de notre existence, et en affirmant que nos bouillants guerriers sont souvent des héros en amour je ne fais que répéter l’observation de tous les psychologues… Au fond de tout renoncement sublime existe un peu d’amour féminin… »

Mais en voilà assez, je crois, pour montrer que la psychanalyse n’est pas une construction en l’air, fantaisie baroque engendrée de toutes pièces par l’imagination luxuriante — ou luxurieuse — d’un homme. Non pas. Elle repose au contraire sur une multitude de faits qui, pour avoir été complètement négligés par les psychologues, ont été cependant presque tous plus ou moins distinctement aperçus. Le génie de Freud, c’est d’avoir glané tous ces faits, que la psychologie dédaignait, d’en avoir saisi la valeur, d’en avoir fait une gerbe imposante.

La psychanalyse n’a d’ailleurs pas la prétention — Freud insiste là-dessus — d’être une théorie complète de l’activité mentale. Elle ne s’oppose pas à la psychologie cou-