Page:Revue de métaphysique et de morale - 18.djvu/906

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psychologique s’emboîte dans l’expérience religieuse, comme l'expérience physique dans l’expérience psychologique.

Parvenus ainsi, grâce au progrès même d’un mode d’expérience donné, à la détermination d’une expérience plus profonde, nous apercevons le premier sous un jour nouveau. Le physiologique devient, pour le psychologue, une portion artificiellement figée du contenu mouvant de la conscience ; et, de même, le psychique, au sens strict du mot, devient, pour qui se place au centre de la conscience religieuse, l’isolement accidentel et superficiel d’un moi qui, dans son fonds, est capable d’entrer dans la vaste et sympathique communion des personnes. Sous les lois fixes et la détermination rigide de la matière il y a le flux de la conscience ; sous les consciences séparées des individus, il y a la pénétration mutuelle des consciences, coexistant avec leur individualité par l’action de la conscience divine.

Il semble qu’en nous confiant à cette troisième sorte d’expérience, à ce mode d’expérience que met en jeu la religion, il nous serait possible d’aborder les problèmes métaphysiques impliqués, malgré qu’on en ait, dans les postulats des sciences physiques et de la psychologie comme science naturelle. Mais est-il permis de s’engager d’emblée dans une pareille recherche ? La philosophie de James s’est, jusqu’ici, distinguée de la plupart des systèmes de philosophie moderne par un trait remarquable. Contrairement à l’injonction de Kant, elle s’est refusée à débuter par une critique de nos moyens de connaître. Elle s’est jetée, directement, in medias res. Elle a prouvé la possibilité de la science en la faisant. A vrai dire, elle déterminait sa tâche en chaque domaine de telle manière qu’elle n’avait guère à craindre le reproche de témérité. Que la physiologie, malgré les postulats qu’elle implique, puisse être traitée comme science positive, c’est ce que nul aujourd’hui ne voudrait contester. De même, une psychologie qui s’interdit toute incursion dans le domaine de la métaphysique, et qui ne prétend qu’à être descriptive ou hypothétiquement explicative, ne peut guère soulever d’objections. Et dans la psychologie religieuse elle-même, telle que la présente le livre sur les variétés de l’expérience religieuse individuelle, l’ambition de l’auteur ne va pas au delà de