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LES POLIORCÉTIQUES D’APOLLODORE

militaires (1), il y en a plusieurs qui sont relatifs à la construction des machines de jet, un autre qui expose les principes de la fortification, de l’attaque et de la défense des places, et enfin deux qui sont consacrés spécialement à la description des machines en usage dans les sièges.

Ces deux derniers, dus, l’un à Athénée, l’autre à Apollodore, sont ceux dont la traduction présente aujourd’hui le plus d’intérêt, car les autres ont déjà été traduits et commentés (2).

J’ai bien publié déjà, il y a quelques années, dans les Mélanges Graux, une version d’Athénée ; mais cette version, à laquelle a du reste collaboré mon ami, M. Lacoste, ne saurait être considérée que comme une première approximation. Pour ces ouvrages techniques, en effet, il ne suffit pas de mettre du grec en français, comme les hellénistes collaborateurs de Thévenot ont mis du grec en latin, sans s’inquiéter de savoir si le lecteur pourra, d’après les renseignements qu’on lui donne, construire les appareils décrits ; on s’expose alors à de nombreux contre-sens, souvent même à des non-sens. Le traducteur doit faire en même temps œuvre d’ingénieur, s’assurer qu’il a bien compris la pensée de l’auteur et qu’il est capable de l’exécuter. Or, cela n’est pas toujours facile : dans chaque art, il existe toujours des procédés connus de tous les hommes spéciaux à un moment donné et dans le détail desquels on croit inutile d’entrer ; puis, ces procédés tombent en oubli lorsque l’état social, en se modifiant, crée de nouveaux besoins, de nouvelles industries, basées sur de nouvelles conquêtes de la science ; on ne peut alors les restituer que grâce à une sagacité très grande, et en réunissant et comparant les indications plus ou moins vagues qu’on retrouve chez les différents auteurs qui ont traité ces questions.

Les peuples primitifs mettaient leur gloire à faire grand ; et

(1) Le recueil de Thévenot contient, en outre, deux traités de Héron sur les Pneumatiques et les Automates.

(2) A. de Rochas, La Poliorcétique des Grecs. Paris, 1871 ; Graux et de Rochas, Philon de Byzance : Traité de fortification (Revue de Philologie 1877). Le général de Reffye et M. Vincent (de l’Institut) ont fait, mais non publié, chacun de son côté, les traités de Héron et de Philon sur les machines de trait. M. Prou et M. Vincent ont publié chacun une traduction de la Chirobaliste de Héron.