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REVUE DES ÉTUDES GRECQUES

c’était avec le bois ou d’énormes monolithes qu’ils édifiaient leurs colossales constructions ; aujourd’hui on s’efforce de faire juste, et c’est le fer qui, assemblé pièce à pièce, suffit presque à tous nos besoins.

Aussi sommes-nous certainement moins habiles que nos pères dans l’art d’édifier les gigantesques échafaudages de charpente qu’ils employaient dans les sièges, et nous ignorons encore aujourd’hui les procédés qu’ils employaient pour les mettre en mouvement, ainsi que pour transporter des obélisques ou des statues dont le poids s’élevait quelquefois jusqu’à 1,600 tonnes (1).

À ce point de vue, le traité d’Apollodore présente une importance réelle. C’est un livre original, beaucoup plus que ceux d’Athénée et de Vitruve, qui ne sont que des compilations d’auteurs plus anciens, et notamment des livres, aujourd’hui perdus, de Diadès, ingénieur d’Alexandre le Grand, et d’Agésistratos.

Apoliodore était un habile architecte, qui parait avoir eu, en outre, l’occasion d’acquérir une grande expérience comme ingénieur militaire. Il passe, sur la foi de renseignements que je n’ai pu contrôler, pour avoir établi sur le Danube un pont dont quelques vestiges existent encore. Il semble être né à Damas ; et voici ce qu’en dit Dion Cassius (2), à propos de l’Empereur Hadrien :

« Quant à Apoliodore, architecte qui avait construit à Rome le Forum, l’Odéon et le gymnase de Trajan, il l’exila d’abord, puis il le mit à mort sous prétexte qu’il avait commis quelque crime, mais, en réalité, parce qu’un jour que Trajan lui donnait des instructions pour ses travaux, Apoliodore avait répondu à une observation déplacée d’Hadrien : Va-t-en peindre tes citrouilles ; car, pour ceci, tu n’y entends rien. » Or, dans le moment, Hadrien tirait vanité de ce genre de peinture. Lorsqu’il fut devenu empereur, il en garda ressentiment et ne supporta pas la liberté de parole de l’architecte il ne contint ni son ressentiment ni sa peine, et fit mourir Apollodore. » J’ai sauté une anecdote relative au temple de Rome et de Vé-

(1) L’obélisque de la place de la Concorde ne pèse que 250 tonnes ; le poids de la statue de Memnon est estimé à 1,600 tonnes.

(2) Hist. Rom. I, 69. Traduction Gros et Boissée.