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LES POLIORCÉTIQUES D’APOLLODORE

nus, dont Apollodore aurait critiqué en termes assez vifs les dispositions, proposées par Hadrien.

Tels sont, avec les renseignements donnés par Apollodore lui-même dans le préambule de son traité, toutes les données certaines que j’ai sur lui, car j’ignore où le traducteur de Dion Cassius a pris les éléments de la note dont il accompagne le passage précédent : « Hadrien, néanmoins, écrivit plusieurs fois à Apollodore dans son exil, et lui communiqua ses projets ; il y eut « même discussion entre eux sur les πολιορϰητιϰά (poliorkêtika), livre écrit par « Apollodore à la demande de l’Empereur….. »

Peu importe d’ailleurs que ce soit à Hadrien ou à Trajan que le traité des Poliorcétiques ait été adressé. La preuve de sa valeur, c’est qu’il fit peu à peu oublier tous les autres, et que c*est presque exclusivement d’après lui que Héron de Constantinople composa au xe siècle son livre sur la Poliorcétique (1).

M. Lacoste rend donc un véritable service aux érudits en leur faisant connaître l’œuvre de l’architecte de Trajan ; nous ne doutons pas que l’accueil fait à son travail ne l’encourage à continuer ses traductions d’auteurs que bien peu de gens sont tentés d’aller consulter dans leur texte original.

C’est seulement lorsque philologues et ingénieurs auront ainsi pris une vue d’ensemble de cet art de la charpenterie antique, qu’ils pourront espérer de donner des traductions définitives en recourant alors, pour les passages obscurs, à des hypothèses infiniment probables sur les révisions de texte et les restitutions de machines.

À l’École polytechnique, le 22 février 1890.
Le lieutenant-colonel du Génie,
A. de Rochas d’Aiglun.

1. Ce livre de Héron de Constantinople ne figure pas dans le recueil de Thévenot ; en 1572 Barozzi en a publié à Venise une traduction latine. En 1867, M. Wescher en a publié le texte grec, dans son recueil imprimé à l’Imprimerie impériale. M. Th. Henry Martin en a traduit un certain nombre de passages dans son étude sur les ingénieurs du nom de Héron (Mém. de l’Ac. des I. et B. L. : Savants étrangers, 1854).