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MORT DU CAPITAINE POWELL.

Dans ce rendez-vous de marins et de voyageurs auxquels aucun point du globe n’était inconnu, nous avions remarqué particulièrement le capitaine George Powell : sa jeunesse, ses manières aisées, son caractère entreprenant étaient de fortes présomptions en sa faveur ; à l’âge de vingt-huit ans, il se recommandait déjà par la découverte du groupe austral qui porte son nom, par une exploration détaillée de la Nouvelle-Shetland, et par un travail sur le détroit de Magellan. Soupirant avec ardeur après les grandes aventures, les rencontres périlleuses, il promettait de remplir une carrière féconde en événemens, et nous rappelait, sous quelques points de vue, le caractère de certains flibustiers dépouillé de la soif de l’or et de la cruauté.

Lorsque nous allions visiter ce capitaine aventureux à bord du navire baleinier le Rambler, qu’il commandait, nous trouvions auprès de lui un jeune homme d’une assez jolie figure, mais d’une disposition apathique, qui lui avait été recommandé avec de grandes instances par sa famille. Nous ne nous doutions guère alors que nous avions devant les yeux la victime et la cause d’une sanglante tragédie dont le milieu du grand Océan allait être le théâtre, et qu’il nous faudrait aborder quelques années tard dans une île de l’océan Atlantique et sur les côtes du Pegou pour en recueillir les détails circonstanciés.

Le Rambler partit avant la Coquille de Port-Jackson, pour la pêche du cachalot dans le grand Océan, sans avoir un plan bien fixe, mais avec le désir de faire des découvertes dans des parages peu fréquentés. Le capitaine Powell fut accompagné de tous nos vœux ; nous n’avions aucun motif d’être plus inquiets sur son sort que nous ne l’étions sur le nôtre. Nous ne tardâmes