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anglais, au parti russe, au parti français, pourvu qu’on appartienne aujourd’hui au parti grec, à celui qui veut sincèrement, fortement l’indépendance et la liberté du pays, pourvu qu’on soit décidé à n’accepter dans aucun cas, à aucune condition la suprématie occulte ou patente d’une puissance étrangère. M. Metaxas a-t-il décidément pris cette bonne résolution ? On avait pu le croire, lors de la révolution de septembre, quand d’accord avec Kalergi, il arrêta le mouvement au point juste où il cessait d’être national pour devenir russe. On avait pu en douter, lorsque dans le congrès il se sépara de MM. Coletti et Maurocordato pour reprendre ses anciennes allures. En se rapprochant aujourd’hui de M. Coletti, M. Metaxas paraissait se replacer sur le terrain de septembre, et dès-lors il n’y avait aucune raison de repousser un homme considérable, distingué, et dont l’accession apporte au gouvernement une force incontestable. C’est ces considérations, je le suppose, qu’a cédé M. Coletti. Quoi qu’il en soit, le 18 août un nouveau cabinet a été constitué, dont voici la composition :

M. Coletti, président du conseil et ministre de l’intérieur, chargé provisoirement des ministères de la maison royale des affaires étrangères, de l’instruction publique et des affaires ecclésiastiques ;

M. André Metaxas, ministre des finances, chargé provisoirement du ministère de la marine ;

M. le général Kitsos Tzavellas, ministre de la guerre ;

M. Balbi, ministre de la justice.

MM. Coletti et Metaxas sont suffisamment connus. M. le général Tzavellas est un des braves Souliotes qui se sont couverts de gloire dans la guerre de l’indépendance. Il passe pour appartenir au parti napiste. M. Balbi, qui n’est classé dans aucun parti, exerçait naguère à la place de M. Maurocordato.

Jusqu’ici, je me suis borné à raconter le passé. Il faut maintenant prévoir l’avenir, ce qui partout, mais surtout en Grèce, est hasardeux et difficile. La première question qui se présente est naturellement celle-ci : l’union de MM. Coletti et Metaxas peut-elle durer ?

Sur ce point, je dois l’avouer, il y a, même parmi les hommes qui connaissent le mieux la Grèce, des opinions fort diverses. Selon les uns, pour réunir MM. Coletti et Metaxas, il n’a fallu rien moins que la conduite absurde, violente, inconcevable du dernier cabinet. A mesure que le souvenir en sera moins vif et moins amer, le lien du cabinet nouveau se relâchera et finira par se rompre tout-à-fait. Selon les autres, l’expérience a appris à M. Metaxas, comme à M. Coletti, la