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que l’Irlande libérale compte aujourd’hui à la chambre des communes. Il vient de se passer en Angleterre un fait remarquable qui montre ce qu’il y a de redoutable pour le gouvernement dans l’influence de ces agitations disciplinées. La ligue qui demande l’abrogation des lois des céréales vient d’ouvrir, sa campagne d’hiver à Manchester par un meeting monstre. Il y avait, près de trois mois que cette ligue ne donnait aucun signe de vie. Les journaux conservateurs demandaient ironiquement de ses nouvelles ; mais la ligue n’avait pas perdu son temps pendant sa létargie apparente : elle s’était exclusivement appliquée au travail des listes électorales, et le président du meeting de Manchester a pu annoncer avec triomphe les résultats qu’elle a obtenus. Elle s’est occupée des listes électorales de cent cinquante villes, et elle assure que dans soixante-dix elle a augmenté sur les listes le nombre des free-traders ; mais c’est surtout dans le comté de Lancastre que ses efforts ont été efficaces. Le Lancashire envoie vingt-six représentans à la chambre des communes, dont douze seulement appartiennent aux free-traders. Eh bien ! la ligue se vante, en citant d’ailleurs le chiffre des électeurs qu’elle a fait inscrire, que, si des élections avaient lieu sur les listes de cette année, le Lancashire enverrait au parlement vingt-un free-traders, au lieu de douze. Malgré cette influence, qui sans doute pourrait infliger, de rudes échecs à sir Robert Peel dans des élections générales, il n’est pas vrai semblable que l’anti-corn law league obtienne cette année des modifications aux lois des céréales. La prospérité dont jouissent cette année l’industrie et le commerce anglais, les bonnes récoltes de l’agriculture, permettront au gouvernement de ne pas se relâcher sur ce point de son attitude conservatrice.



AFFAIRES D’ESPAGNE.


Le ministère espagnol vient de présenter aux cortès un projet de réforme, auquel ni en France, ni dans la Péninsule même, aucun de ses amis ne se pouvait attendre, il y a un mois seulement. Sur ce projet, nous devons franchement exprimer notre opinion. Dans la constitution de 1837, qu’il s’agit de refondre, il y a des articles que, pour notre compte, nous voudrions voir modifier et d’autres que l’on n’en peut retrancher sans inspirer de réelles inquiétudes aux partisans sincères de la monarchie constitutionnelle ; mais nous croyons, si l’on considère la réforme dans son ensemble, que le moment n’était point venu de chercher à la réaliser. Les hommes qui aujourd’hui la proposent n’ont pas été constamment unis d’intentions unis d’intentions ni d’espérances