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situation fausse. La droite se dépeuplait de jour en jour ; les centres, quoique bien dégarnis, espéraient encore et continuaient la lutte ; la gauche, gardant tous ses soldats et ralliant sans cesse des auxiliaires, devait rester maîtresse du champ de bataille. Il importait seulement que cette assemblée ainsi réduite fût encore en nombre suffisant pour proclamer ses décrets. Le 30 avril, le comité exécutif fit adopter plusieurs mesures graves qui attestaient sa force : 1° sur la proposition de M. Simon (de Trèves), « le président peut convoquer l’assemblée nationale en, quelque temps et en quelque lieu qu’il le juge convenable ; » 2° sur la proposition de M. Zell : « une séance extraordinaire demandée par cent membres doit être immédiatement convoquée ; » 3° sur la proposition de M. Golts : « il suffit de cent-cinquante membres présens pour que les votes de l’assemblée soient valables ; » enfin, sur la proposition de MM. Kierulff, Zieger, Reden, etc.., l’assemblée, sans débat et d’une voix unanime, blâma « devant tout le peuple allemand » la dissolution des chambres dans les royaumes de Prusse et de Hanovre, et ordonna aux gouvernemens de faire procéder sans délai à des élections nouvelles.

L’audace du comité croissait à chaque victoire. Dans la séance du 4 mai, il proposa un appel aux gouvernemens, aux corps législatifs, aux communes, au peuple entier, pour les sommer de reconnaître et de défendre la constitution. Il proposa de fixer le jour où se réunirait la première diète de l’empire et le jour où se ferait les élections pour toute l’Allemagne : les élections auraient lieu le 15 juillet, la diète se réunirait le 15 août. Il proposa enfin de transmettre la souveraineté de l’empire au chef de l’état le plus considérable après la Prusse, dans le cas où la Prusse, au 15 août prochain, n’aurait pas encore accepté la constitution ; cet empereur suppléant porterait le titre de vicaire de l’empire, et remettrait son dépôt au roi de Prusse dès que la Prusse se serait soumise. C’étaient là les propositions de la majorité du comité ; 14 voix contre 13 les avait portées à la tribune du parlement ; après une discussion animée, elles furent définitivement admises par 190 voix contre 188. Ainsi, le roi de Prusse refusant son adhésion, c’était le roi de Bavière qui devenait vicaire de l’empire. Or, on sait que Maximilien II était encore moins favorable que Frédéric-Guillaume IV a la constitution de Francfort ; la dignité du vicaire passait donc au roi de Saxe, du roi de Saxe au roi de Wurtémberg, du roi de Wurtemberg au roi de Hanovre, du roi de Hanovre au grand-duc de Bade, et toujours ainsi, de refus en refus, de chute en chute, jusqu’à ce qu’elle rencontrât je ne sais quel principicule obscur, le prince de Reuss ou le prince de Lichtenstein, qui voulût bien prendre sous sa très haute protection l’héritage retrouvé de Frédéric Barberousse. C’était bien le cas de s’écrier piteusement avec M. Simon (de Trèves) :