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d’Attila, de faire soumission au gouvernement romain, afin d’obtenir de lui un territoire à cultiver. Hernakh nous apparaît ici comme l’auteur de cette résolution ou du moins comme le plus important de ceux qui l’exécutèrent. Le gouvernement romain reçut ces ouvertures mieux peut-être que les Huns ne s’y étaient attendus. Hernakh fut autorisé à se fixer dans la province de Petite-Scythie ; on lui traça son cantonnement à l’extrémité septentrionale, autour des bouches du Danube, dans ces bas-fonds marécageux que la guerre avait dépeuplés. Après avoir juré de remplir toutes les obligations attachées au titre d’hôte et de fédéré de l’empire, il établit sa tribu sous le jet des balistes romaines, autour des places démantelées autrefois par son père, et qu’il s’engageait maintenant à défendre, fût-ce même contre sa race.

L’établissement d’Hernakh entraîna celui du roi alain Candax et de son petit peuple, qui paraissent avoir été dans la clientèle du jeune fils d’Attila ; ils furent admis aux mêmes conditions que lui et cantonnés en partie sur le plateau méridional de la Petite-Scythie, près du rempart de Trajan, en partie dans la Mésie inférieure, près du Danube, autour des forteresses de Carsus (Hirsova) et de Durostorum (Silistrie). Des bandes de Germains de la nation des Scyres et des Huns satagares se joignirent à Candax et furent probablement colonisées dans l’intérieur, sur la frontière septentrionale des Mœsogoths. Bientôt on vit arriver une émigration plus considérable, conduite par les frères consanguins d’Hernakh, Emnedzar et Uzendour, qui dans cette dispersion de la famille ne voulurent pas se séparer de leur jeune frère. Entrés dans la Dacie riveraine, ils occupèrent les bords de l’Uto et de l’Osma vers leurs confluens avec le Danube, et devinrent voisins de Noves (Sistova) et de Nicopolis. Si le gouvernement romain n’autorisa pas d’avance cette prise de possession, il la légitima par son consentement ultérieur.

La brèche une fois ouverte, d’autres chefs, d’autres tribus s’y précipitèrent à l’envi ; ce fut une invasion, dit Jornandès, invasion pacifique que l’empire ne désavoua point. C’est ainsi que des Sarmates, des Cémandres et des Huns allèrent se fixer dans de vastes campagnes autour d’un château alors fameux, appelé château ou champ de Mars, et construit dans une forte position sur la rive de Mésie. D’autres émigrans, probablement les plus déterminés, furent distribués par groupes dans la Mésie supérieure et la Pannonie, le long des frontières des Ostrogoths et jusqu’au pied des Alpes Noriques. Le but évident de cette dernière colonisation était de surveiller les Goths, ces prétendus amis de l’empire qui n’avaient pas tardé à l’inquiéter ; la haine que se portaient les deux races mises ainsi en présence semblait aux Romains une garantie de la bonne conduite et de la fidélité des Huns. En provoquant ou facilitant ces établissemens