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la guerre, l’intérêt de sa dette payé et tous les autres services largement pourvus, d’un budget de 2 milliards ; il y aurait de quoi armer l’Europe entière. En 1813, au moment du plus grand effort contre la France, l’Angleterre consacra aux dépenses militaires une somme un peu inférieure, — 72 millions sterling.

On voit, par ce tableau sommaire, que les ressources du gouvernement britannique, en matière d’impôt, sont à peu près illimitées. Quand la lutte prendrait des proportions gigantesques, quand il devrait sortir de l’invasion déjà rétractée des provinces danubiennes une autre guerre de trente ans, le gouvernement, s’appuyant sur le sentiment national et puisant à pleines mains dans les trésors du pays, y ferait aisément face. Quelles que soient les dépenses de l’état, les progrès de la richesse nationale vont encore plus vite. Arkwright et Watt, en multipliant la puissance de production par leurs inventions mécaniques, ont plus fait pour la grandeur de leur patrie que ne firent pour nous les victoires plus tard expiées de la république et de l’empire. Le génie de Watt et d’Arkwright se répand aujourd’hui dans tous les rangs de la population. L’Angleterre possède au plus haut degré les deux forces qui mettent la matière en mouvement et la rendent féconde, à savoir : la science du travail et les capitaux accumulés. Aussi, de 1815 à 1843 seulement, l’on a constaté un accroissement de 62 pour 100 dans les revenus de la propriété foncière ; les revenus de la classe aisée, ceux sur lesquels porte l’income tax, sont évalués aujourd’hui à près de 6 milliards de francs, et M. Porter les estimait à 8 milliards, en partant de la limite de 30 livres sterling ou 750 fr. de revenu. Le progrès dans le commerce d’exportation, de 1830 à 1854, a été de 150 pour 100 ; le tonnage de la marine marchande a doublé depuis le commencement du siècle ; la production du fer, qui est. L’instrument de toutes les industries, s’est élevée de 258,000 tonnes, moyenne décennale de 1801 à 1810, à 1,700,000 tonnes, chiffre qui représente la fabrication moyenne de 1840 à 1850. Si l’on veut avoir une idée plus complète de ces merveilles de richesses qu’a enfantées l’industrie en Angleterre par la création et par l’accumulation des capitaux, il suffira de rappeler que, depuis vingt ans, les compagnies ont exécuté sur le territoire britannique 12,000 kilomètres de chemins de fer, représentant un capital d’environ 0 milliards de francs, dont les deux tiers ont été réalisés et servent à leurs actionnaires un revenu qui excède celui d’un royaume de second ordre. Enfin un statisticien enfuient enlevé par une mort prématurée à l’administration et à la science, M. Porter, portait à 2 milliards de francs les épargnes annuelles, l’accumulation régulière des capitaux en Angleterre. Une masse flottante de 2 milliards, que la nation peut à volonté donner en offrande