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seulement ces crises sont le jeu régulier des institutions et se dénouent sans violences. Le ministère belge, comme on sait, avait récemment donné sa démission. Quelques jours se sont écoulés pendant lesquels le roi Léopold paraît avoir fait appel à des hommes politiques qui se sont récusés ; il n’est du moins rien résulté de ces diverses négociations, si tant est que de simples conversations aient pu avoir ce caractère. Enfin, après ces quelques jours d’incertitude, il a été décidé dans un dernier conseil que le cabinet actuel resterait au pouvoir et que les chambres seraient réunies à la mi-octobre. La question politique devra naturellement se poser entre les partis dans le parlement, et elle peut devenir d’autant plus difficile que les opinions sont plus balancées. Le gouvernement paraît devoir aussi proposer au parlement de modifier la législation sur l’entrée des céréales. On avait cherché à expliquer par une exportation considérable l’élévation du prix des grains, qui s’est maintenue après la dernière récolte et qui a provoqué des désordres sur divers points, à Bruxelles en particulier. Il n’en est rien cependant, puisque, d’après une pubhcation officielle, l’importation des périodes les plus récentes a surpassé de beaucoup l’exportation. C’est là une des questions graves qui se présenteront au parlement.

Les chambres belges vont donc se réunir d’ici à peu ; les chambres hollandaises viennent de recommencer leurs travaux à La Haye. Ce moment était attendu avec un certain intérêt pour connaître avec plus de précision le résultat des dernières élections, qui ont donné quelques membres de plus au parti de M. Thorbecke. Les opinions diverses avaient une occasion naturelle de se dessiner dans la désignation des candidats à la présidence de la seconde chambre et dans la discussion de la réponse au discours royal ; il n’en a rien été cependant. L’ancien président de la chambre, M. Boreel van Hogelanden, désigné de nouveau comme premier candidat, a été nommé par le roi. La discussion de l’adresse n’a soulevé aucun incident sérieux. Votée d’abord dans la première chambre, l’adresse vient de l’être également dans la seconde, presque sans débat et à l’unanimité des voix. Dans les deux chambres des états-généraux, elle est à peu près une paraphrase du discours royal. C’est ainsi que les chambres hollandaises ont répondu au sentiment exprimé par le souverain sur la nécessité de l’union et d’une confiance mutuelle entre la représentation nationale et le gouvernement. Au reste dans son ensemble, le discours du roi avait laissé une impression favorable ; il montrait la Hollande en paix avec tous les pays, calme à l’intérieur, développant son industrie, améliorant ses finances au point de rendre possible un dégrèvement d’impôts, — et comme ce tableau est vrai, les états-généraux n’ont eu qu’à sanctionner cet exposé de la situation du pays, en recommandant surtout de maintenir le système d’économie auquel est due la restauration des finances publiques. Si les chambres ont voté leur adresse à l’unanimité, cela ne veut point dire évidemment que les partis aient abdiqué leurs opinions et leurs principes ; mais c’est le signe des conditions favorables dans lesquelles commence la session, et, sous ces heureux auspices, les discassions qui s’ouvriront sur des questions telles que celle de l’enseignement ne peuvent qu’être plus fructueuses.

L’Espagne n’a plus les clubs en permanence ; Madrid semble moins menacé pour le moment de voir se relever les barricades qui se dressaient, le