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DES

JARDINS ZOOLOGIQUES

LES SOCIÉTÉS D’HISTOIRE NATURELLE EN BELGIQUE.

La science est fille de la liberté d’examen : au moyen âge, quand cette liberté n’existait pas, les savants se contentaient presque de commenter Aristote, et de défigurer par des fables la majestueuse simplicité de ses descriptions zoologiques. L’histoire naturelle était inféodée à la théologie, laquelle était, à un certain point de vue, une négation de la nature. Il fallait que la raison reprît ses droits pour affranchir les connaissances humaines. Luther ayant parlé, Galilée ayant affirmé par des calculs positifs le mouvement de la terre, Michel-Ange ayant brisé le moule de l’art mystique, une nouvelle direction, forte et précise, ne tarda pas à remplacer la période des songes et des illusions. Au XVIIIe siècle enfin, Linné et Buffon parurent. Avant eux, la zoologie expérimentale n’existait pas ; mais à peine eurent-ils répandu sur l’histoire de la vie, l’un les clartés d’un esprit sévère, l’autre les ornements d’une imagination délicate, que les progrès de cette science devinrent rapides et universels. Vers la fin du même siècle, un événement politique contribua encore à développer le goût de la nature en versant sur toute l’Europe les lumières de la philosophie et en fondant à Paris le Muséum d’histoire naturelle : on devine que nous parlons de la révolution française.

Chaque série de connaissances nouvelles crée dans l’humanité un sens nouveau. Le besoin de connaître par nos yeux les animaux qui habitent avec nous la terre est né dans ces derniers temps de la lecture des maîtres en histoire naturelle. Le goût de la zoologie vivante