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constitution électorale du pays, ou du moins il en garde et en défend les approches.


IV

Cette constitution électorale est-elle aujourd’hui menacée ? Doit-on s’attendre à la transformation du système établi par l’acte de 1832 ? Telle est la dernière question à laquelle il faut répondre. Après avoir reconnu quelles sont les assises de l’édifice, après avoir examiné comment toutes les parties en sont distribuées, il s’agit de faire la part des changemens qui seraient dangereux et des réparations qui peuvent être avantageuses.

Depuis 1849, les demandes de réformes n’ont pas fait défaut, et elles se sont souvent reproduites dans des propositions, tantôt plus exigeantes, tantôt plus réservées, auxquelles le ministère de lord John Russell avait donné en 1852 son actif concours. Le mouvement des dernières élections les a remises en faveur. Combattues par le parti conservateur, écartées par le ministère, elles sont entrées néanmoins dans les engagemens du plus grand nombre des candidats nommés pour donner leur concours à l’administration de lord Palmerston. Dans son manifeste électoral, dans son allocution à ses électeurs, et même dans le discours de la couronne, le premier ministre avait évité avec soin de s’expliquer sur les intentions du gouvernement. Une fois cependant que le choix du pays lui eut envoyé une majorité prête à le soutenir contre des adversaires mal unis, mal disposée à mettre des conditions à ses services, il n’eut pas d’embarras à prendre un parti. Il ne voulait pas s’exposer à jouer le jeu de ceux qui, séparés de lui surtout par des questions de personnes, comme lord John Russell ou d’autres, n’attendaient que l’occasion de le supplanter en lui enlevant la direction du parti libéral, et au moment où les conservateurs sortaient de l’épreuve des élections plutôt affaiblis que fortifiés, il ne pouvait être tenté de défendre à ses risques et périls la politique de la résistance. Aussi, dès la première séance du nouveau parlement, à peine les anciennes propositions de réforme eurent-elles été reprises, lord Palmerston rompit le silence qu’il avait gardé jusqu’alors, et, coupant court à toute discussion, il annonça que le gouvernement saisirait la chambre des communes d’un nouveau projet de loi électorale dans le courant de l’année qui allait suivre. C’était la contre-partie de la conduite imprudente tenue en 1830 par le duc de Wellington, quand il perdit le ministère dont il était le chef en déclarant à la chambre des communes brusquement, et sans avoir consulté ses collègues, qu’il n’y avait rien à faire, et que rien ne serait fait. Habitué à se mettre toujours sous le vent qui lui semble le plus favorable, le premier ministre