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MÉNON.

Je suis heureux que tu m’approuves.

MYS.

Je t’approuve et surtout je veille sur toi ! On te voit trop souvent chez les prêtres et chez les ennemis de Phidias.

MÉNON.

Dénonce-moi pour qu’il me batte.

MYS.

Hypocrite ! tu sais que sa bonté est sans bornes. Il refuse même de te vendre à un autre.

MÉNON.

Tu le lui as conseillé ?

MYS.

Oui, par tous les dieux !

MÉNON.

Et il a refusé ?

MYS.

Il craint que tu ne rencontres un maître moins doux.

MÉNON.

Ceux qu’il veut perdre, Jupiter les aveugle.

MYS.

Misérable ! si je ne me retenais…

COLOTÈS.

Modère-toi, Mys. Comment peux-tu faire attention aux propos d’un esclave ?

SCÈNE IX.
(Devant la porte du troisième atelier.)
AGORACRITE, PÆONIOS, PRAXIAS, ET LES PLUS JEUNES DISCIPLES ILS sont assis au soleil et se reposent.
PÆONIOS

Si nous nous mettions au travail ?

AGORACRITE.

Non, par Apollon !

PÆONIOS

La journée s’écoulera donc sans que nous touchions le ciseau ?

AGORACRITE.

Où est le mal, ô le plus vertueux des Thraces ? Quand tu auras fait voler quelques éclats de marbre de plus, tu n’en seras pas moins chargé de l’Acropole, si Périclès succombe. Une ville menacée d’un siège n’ensemence pas les champs qui l’entourent. N’avons-nous pas ri de ce pâtre qui tressait une corde de jonc, sans voir que son âne la mangeait à mesure ?

PRAXIAS.

J’ai connu un habitant de Soles : tandis que les pirates mettaient le feu à sa maison, il en achevait consciencieusement la toiture.

PÆONIOS

Je comprends vos railleries ; mais le maître sera mécontent quand il viendra.