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Ses entrées annuelles sont de plus de 6 millions de francs, dont la moitié est distribuée en secours. Cette société est également très puissante en Angleterre. À côté des Old Fellows, il faut citer les Fils de la Tempérance, qui ont de nombreux représentans en Californie. On sait qu’ils s’engagent à observer à l’égard des boissons alcooliques une abstention complète. Ils sont aussi quelque peu légumistes. Ils se sont établis en Californie dès 1850 ; leur siège général est à Sacramento. Ils ont dans le pays environ dix succursales, et même quelques hôtels, où les membres vont mettre en pratique les règles sévères de l’ordre. Une autre société formée pour combattre l’ivrognerie est celle des Dashaways. Cette société est très populaire en Californie et compte au moins 4,000 membres. Cela n’empêche pas San-Francisco de posséder huit cents débits de liqueurs, qui font tous les meilleures affaires et ne désemplissent pas depuis le matin jusqu’au soir.

Une société qui mérite encore qu’on la mentionne pour son caractère particulier est celle des pionniers de Californie, organisée en 1850. L’objet de cette société, d’après les termes mêmes de l’acte de fondation, est de recueillir et de conserver tous les documens qui concernent l’ancienne colonisation et la conquête du pays. La société se propose en outre de perpétuer la mémoire de ceux que leur sang-froid, leur énergie et leur esprit d’entreprise ont poussés les premiers dans une contrée naguère sauvage pour y fonder un nouvel état. Elle se compose de deux classes : la première comprend tous ceux qui résidaient dans le pays avant le 1er janvier 1849, et leurs descendans mâles sont de droit membres de la société. La deuxième classe comprend tous les pionniers qui, avant le 1er janvier 1850, sont venus s’établir en Californie. Leurs descendans mâles jouissent des mêmes droits que les précédons. Enfin des membres honoraires peuvent être admis au nombre des pionniers californiens. On les recrute parmi ceux qui ont rendu quelque important service à la société, à l’état de Californie ou aux États-Unis. Le nombre de ces membres honoraires ne dépasse point encore le chiffre 10. On voit que le titre de pionnier californien constitue une véritable noblesse. Le nombre des membres eux-mêmes de première et de seconde classe n’atteint pas 1,000. Le capitaine Sutter et le colonel Frémont sont au nombre des pionniers, et c’est justice.

Toutes ces diverses sociétés, ainsi que des clubs bien organisés, ont rendu les plus grands services à la colonie américaine. Il n’y a point d’Américain malheureux en Californie ; si quelque mendiant honteux vous arrête à San-Francisco, au coin d’une rue, osant à peine vous tendre la main, c’est à coup sûr un étranger. Pour prévenir la misère de nos compatriotes dans un pays où des infortunes de tout genre sont venues si souvent mettre à une cruelle épreuve leur imprévoyance et leur manque de courage moral, les citoyens français de San-Francisco ont fondé deux sociétés d’assistance, l’une dite Société de bienfaisance mutuelle, l’autre Société de secours. Il existe encore à San-Francisco des sociétés de bienfaisance allemandes, irlandaises,