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fantassins de Vandamme. Il se retire et tombe au milieu des chasseurs de Piré et des dragons d’Exelmans. Il revient sur Versailles. La garde nationale, postée aux barrières, l’accueille par un feu nourri qui l’oblige de se rejeter sur Rocquencourt. Traquée de village en village, il ne restait plus de cette brigade que 150 hommes. Ils sont culbutés dans le village de Lechenay. Le colonel de Sohr y est grièvement blessé. Les soldats mettent bas les armes, jusqu’au dernier.

Que serait-il arrivé, si les deux corps de Vandamme et la garde avaient soutenu cette attaque d’Exelmans ? L’armée prussienne, morcelée à droite et à gauche de la Seine, était certainement en péril ; mais les espérances que ce succès avait réveillées ne devaient pas durer. Sans en recueillir aucun avantage, Vandamme et Exelmans reçoivent l’ordre de se retirer, la droite sur la Seine, la gauche sur Montrouge, le centre en arrière du village d’Issy. Les avant-postes qui avaient occupé Montenotte, Rivoli, les pyramides, Vienne, Madrid, Lisbonne, le Kremlin, sont maintenant repliés à Châtillon, Clamart, Meudon, Sèvres et Saint-Cloud !

Le lendemain 2 juillet, Blücher, à qui on avait laissé le temps de concentrer son armée sur la rive gauche, marche en plusieurs colonnes par la vallée de la Seine et par les hauteurs qui de Saint-Germain se rattachent à Meudon. À trois heures, Ziethen avait atteint Sèvres. Les Français s’y défendirent et se retirèrent sur les Moulineaux, de là sur Issy, et dans la nuit sur le faubourg de Vaugirard. Pendant cette dernière nuit, les armées ennemies occupent les positions suivantes : Ziethen, sa droite à Clamart, le centre à Meudon, la gauche aux Moulineaux ; Thielmann à Châtillon, Bulow en réserve à Versailles. L’armée anglaise était immobile, sur le front des lignes fortifiées, au côté nord de Paris ; le duc de Wellington avait jeté un pont à Argenteuil, et par Asnières, Courbevoie, Suresnes, il avait lié ses communications avec les Prussiens.

Ainsi le 2 juillet les Français étaient enfermés de tous côtés dans leurs lignes, et à ce moment leur situation put paraître désespérée ; mais avait-on fait, du 29 juin jusqu’à ce jour, le nécessaire pour empêcher les choses d’empirer au point où elles étaient maintenant arrivées ? On avait laissé trois jours à l’armée prussienne pour se jeter sur la rive gauche, s’y rassembler, s’y déployer. Le succès de Vandamme n’avait pas été poursuivi ; au contraire les combats livrés à Sèvres, aux Moulineaux, à Issy, avaient paru plutôt des démonstrations pour couvrir la retraite que des projets de résistance véritable. Dans ces feintes, on voit l’exécution du dessein formel de céder Paris et la France sans coup férir. Où étions-nous donc tombés pour que le héros d’Eckmühl et d’Auerstaedt ne servît plus qu’à couvrir Fouché ?