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cessaire de l’émission d’un emprunt nouveau. Les dispositions financières de M. Minghetti ne nous sont point encore connues en détail ; mais, nous le répétons, il importe que le budget soit vite voté, si l’on veut emprunter dans de bonnes conditions. L’état des marchés européens donne à craindre qu’à mesure qu’on avancera dans l’année, on ne rencontre des difficultés plus grandes dans les conditions auxquelles le capital sera offert. On peut appréhender la continuation de l’épuisement des encaisses des banques, et par conséquent des élévations successives du taux de l’intérêt. Nous supposons toujours que, pour raffermir les finances italiennes, M. Minghetti recourra au crédit sous sa forme la plus simple, la plus large, la moins onéreuse, l’emprunt en rentes. Nous supposons que son esprit élevé le tiendra en garde contre les combinaisons empiriques dont il doit être assailli, combinaisons qui s’appuient sur le monopole et sur l’agiotage, et qui, sous prétexte d’enrichir l’Italie, l’appauvriraient et la compromettraient infailliblement.

On parle avec affectation des embarras du nouveau royaume italien ; mais parmi les anciennes monarchies de l’est de l’Europe en peut-on citer aujourd’hui une seule dont la situation ait de quoi faire envie aux commencemens de l’unité italienne ? La confusion qui règne en Prusse, par exemple, n’est-elle pas plus indéchiffrable encore que le malaise des provinces napolitaines ? Un roi honnête homme, chicané peut-être à tort sur un projet d’organisation militaire qui lui tient à cœur, une chambre libérale et que l’on ne saurait taxer d’exaltation, jouent le jeu dangereux des conflits constitutionnels. Le roi est sincère quand il dit qu’il tiendra son serment à la constitution ; la chambre n’est pas suspecte de déloyauté envers la couronne, et cependant roi et chambre poussent chacun leurs prérogatives à l’extrême, oubliant cette parole si juste du cardinal de Retz, que les droits des princes et les droits des peuples ne s’accordent jamais mieux que dans le silence. Que résultera-t-il de cette double opiniâtreté ? Quand elle n’aurait d’autre effet que de paralyser l’action intérieure de la Prusse et de jeter l’incertitude et la défiance dans les intérêts, elle compromettrait gravement les aspirations et l’influence de la Prusse en Europe, e. forcade.



LE RECRUTEMENT EN POLOGNE.

C’est depuis longtemps le triste privilège de cette malheureuse Pologne de ne point connaître de trêve, d’être entraînée sans respirer à travers toutes les épreuves, et de ne fixer l’attention de l’Europe que par de nouvelles et navrantes scènes de deuil. Ce qui se passe encore aujourd’hui n’est qu’une manifestation de plus de cette désolante situation, où tout est violent, désordonné et confus, où une politique s’épuise inutilement à dompter un peuple en qui le malheur a développé une inépuisable faculté