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leur pied jusqu’à une certaine hauteur : cette disposition est souvent exagérée par l’accumulation des débris qui se détachent du sommet ; mais elle est une conséquence naturelle des soulèvement géologiques qui ont bouleversé le sol. Plus haut, les flancs deviennent plus rapides ; ils sont abrupts ou découpés en gradins. Vers le sommet, les escarpemens sont à pic ; les cimes sont pour ainsi dire taillées à coups de hache. Cependant les sommets terminés en pointes aiguës, qui caractérisent les terrains primitifs, n’apparaissent que dans les chaînes très élevées, comme les Alpes, les Andes, l’Himalaya. Lorsque les montagnes sont d’une hauteur médiocre, lorsque le soulèvement qui les a produites a été en quelque sorte incomplet, les crêtes sont formées de terrains calcaires et conservent une forme arrondie. Les Vosges, le Jura, et même les Pyrénées, offrent cette apparence. On remarque encore que les pentes sont rarement égales sur les deux versans d’une chaîne ; le Jura, par exemple, a des pentes très douces vers la France et abruptes vers la Suisse ; les Andes descendent plus rapidement du côté de l’Océan-Pacifique. Le faîte de la chaîne est une ligne plus ou moins onduleuse dont l’élévation varie prodigieusement : ici quelques centaines, là quelques milliers de mètres au-dessus du sol de l’Océan, et lorsque deux massifs se rencontrent, la partie qui leur est commune présente une élévation subite plus considérable que partout ailleurs. Les vallées, dont le fond et les flancs n’offrent que des pentes douces, si les montagnes sont peu élevées, sont au contraire étroites, profondes et à parois escarpées dans les grands massifs ; ainsi, dans les hautes régions de l’Asie centrale, on trouve des fissures verticales de 1,500 à 2,000 mètres de profondeur, et fréquemment si étroites que quelques blocs roulés en travers forment des ponts naturels. Il faut enfin observer que certaines contrées (le Mexique en est un exemple remarquable) s’élèvent peu à peu et par plateaux successifs depuis le sol de la mer jusqu’à une grande altitude.

Or, si tels sont les principaux linéamens de la partie de la croûte terrestre exposée à nos regards, il est naturel de supposer que le relief accidenté des continens se conserve sous les eaux et que le fond de l’Océan est irrégulier comme la surface découverte que nous habitons. Appliquons donc à l’étude du sol marin les connaissances que nous avons acquises par l’examen du sol terrestre. Au-dessous des flots, il doit y avoir des montagnes à pentes douces vers le bas, escarpées vers le sommet ; les îles et les écueils en sont les points culminans ; les archipels dénotent de grandes chaînes qui se rencontrent en plusieurs points. Il y a aussi des crêtes arrondies qui ne peuvent atteindre la surface et correspondent aux bas-fonds