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italien font on ce moment paisiblement, habilement et sans bruit, leurs affaires. L’ordre intérieur, confié aux mains adroites de M. Peruzzi, est dans un état satisfaisant. Les partis violens qui sont très peu nombreux en Italie, le parti rétrograde et le parti d’action avaient compté pour le printemps de cette année sur des agitations, sur des prises d’armes, sur une conflagration générale. Les émigrés napolitains de Rome parlaient du réveil de la guerre civile dans les provinces méridionales. Leurs premières et faibles tentatives ont été énergiquement réprimées, et rien de sérieux n’est plus à craindre de ce côté-là. Du côté du parti d’action, l’attitude franche et ferme de M. Peruzzi a empêché toute explosion. M. Peruzzi a déclaré que le gouvernement n’abandonnerait jamais à un parti extra-parlementaire l’initiative de la politique nationale. Cette déclaration réitérée a été comprise, car M. Peruzzi a montré qu’il saurait promptement et résolument la mettre en pratique, si l’on avait la folie de l’y contraindre. Le général Garibaldi, revenu de son excursion triomphale, semble avoir fait l’acquisition, en Angleterre, d’un approvisionnement utile de patience et de bon sens. Le jeune et habile ministre des affaires étrangères, M. Visconti-Venosta, a tracé naguère un remarquable tableau de la politique extérieure de l’Italie : sans rien abandonner touchant la revendication de Rome et de Venise, il a montré avec le tact d’un homme pratique que l’Italie était astreinte à la conduite et aux devoirs d’un gouvernement régulier, et que ses plus sûrs intérêts lui interdisaient de venir troubler la paix de l’Europe. L’ordre intérieur et le calme du dehors ont été pour le président du conseil, qui est aussi le ministre des finances, M. Minghetti, une bonne fortune dont il est en train de profiter avec application et avec succès. M. Minghetti travaille à réduire la disproportion qui existe entre les dépenses et les recettes, et il y réussit déjà dans une certaine mesure. Une partie très importante et très délicate de sa besogne est de se procurer les ressources extraordinaires destinées à faire face aux découverts du budget. M. Minghetti a conduit fort adroitement et fort heureusement ses opérations de trésorerie ; il a négocié et réalisé, sans que les marchés financiers en prissent émotion, les 200 millions qui restaient à émettre sur l’emprunt de 700 millions. Il s’occupe de l’aliénation des chemins de fer de l’état. Cette opération lui procurera une ressource très importante, et dont la réalisation prochaine ne peut qu’améliorer la situation du crédit italien. Par l’aliénation des chemins de fer et par la vente ultérieure d’une portion des domaines nationaux, M. Minghetti éloignera en effet de plusieurs années la perspective et la nécessité d’un nouvel emprunt.

Le gouvernement parlementaire de Belgique est sorti enfin de la crise bizarre qu’il a traversée durant plusieurs mois. À trois voix près, la chambre des représentans se trouvait coupée en deux. Combattus par une opposition qui les empêchait de gouverner efficacement et dignement, les ministres libéraux avaient donné leur démission. Les chefs du parti catholique appelés par le roi à composer un ministère avaient refusé. C’était à qui ne