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ni pratiquée dans ce pays depuis sa retraite jusqu’à ce que son fils fut entré dans les affaires. J’ai eu tant d’attachement et de respect pour feu mylord Chatham que je prends un vif intérêt à la considération que son fils s’attire et qui aurait bien réjoui le père, s’il avait vécu jusqu’à ce temps-ci. »

Les arméniens nécessités par les troubles de la Hollande avaient coûté 336,751 livres sterling, et il était du. au duc de Hesse-Cassel 36,000 livres, montant de la première annuité des subsides. Dès qu’il fut réuni au mois de décembre, le parlement sanctionna ces dépenses. A la fin de sa dernière session, il avait décidé, sur la motion de Pitt, et pour sauvegarder la dignité de la couronne, que les dettes du prince de Galles, s’élevant à 181,000 liv. sterl., seraient payées par le trésor public. Il y avait donc là des dépenses extraordinaires considérables à la charge du budget de 1787, et l’excédant de 168,000 livres de recettes ordinaires sur les dépenses de même nature ne suffisait pas pour les acquitter. Néanmoins Pitt ne demanda point la création de ressources spéciales, et la différence fut soldée avec des bons de l’échiquier. La crise par laquelle on venait de passer avait plus particulièrement attiré l’attention du gouvernement sur la situation militaire des colonies anglaises, et l’on avait reconnu que leurs moyens de défense étaient impuissans pour résister à une attaque imprévue. Un comité d’officiers-généraux avait émis l’avis qu’il était indispensable d’y entretenir un plus grand nombre de troupes et d’en fortifier les points les plus vulnérables. En conséquence, dans les premiers jours de la session de 1788, Pitt proposa d’augmenter l’armée de 3,068 hommes, d’affecter à leur entretien un crédit annuel de 80,000 liv. st., et de décider qu’une somme de 315,866 livres sterling, répartie sur plusieurs exercices, serait employée en travaux de fortifications à Gibraltar et dans les colonies. « Nul, dit-il, en fait de dépenses, n’est plus difficile que moi ; mais je soutiens que celles qui, restant dans des limites modérées, doivent avoir pour résultat de mieux assurer le maintien de la paix sont une véritable économie, et la meilleure que ce pays puisse faire. » Malgré l’opposition de Fox, qui en contesta l’opportunité, les propositions du ministre furent adoptées par 242 voix contre 80. Le budget allait donc être grevé à l’avenir de 150,000 livres sterling de dépenses nouvelles, qui furent pour la première fois inscrites dans celui de 1788; mais elles devaient être largement compensées par l’augmentation du revenu public, dont les craintes de guerre n’avaient pu, en 1787, arrêter la marche ascendante. La situation parut même assez favorable à Pitt pour qu’il crût pouvoir soumettre au parlement une mesure d’équité et de justice différée jusqu’alors par suite de toutes les difficultés auxquelles il avait fallu pourvoir immédiatement.