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tant effrayées, elles se gardaient bien de faire en leur faveur aucune propagande. Cependant les résultats obtenus par les premiers établissemens finirent par attirer l’attention publique et par provoquer des créations plus nombreuses. En 1858, on comptait déjà 120 banques en pleine activité dans les différentes parties de l’Allemagne. En 1859, il y en avait 183, en 1860 257 ; en 1861, le nombre s’en élevait à 364[1] ; il dépasse aujourd’hui 500 et représente environ 140,000 associés. Avec un capital social de 16 millions de francs, qui appartient aux sociétaires, et 12 millions que ces banques empruntent à des capitalistes étrangers, elles font un chiffre d’affaires de plus de 30 millions de thalers ou 120 millions de francs.

Outre ces banques populaires, M. Schultze-Delitsch a encore tenté d’organiser des associations de consommation comme en Angleterre, mais, nous l’avons dit, sans grand succès. Des associations pour l’achat en commun des matières premières et la vente des marchandises fabriquées, — ces dernières, au nombre de deux cents, et comprenant divers métiers, tels que cordonniers, tisserands, menuisiers, tailleurs, etc., — paraissent appelées à plus d’avenir. Ainsi, par exemple, l’association des ébénistes de Berlin possède aujourd’hui, dans une des principales rues de la ville, une vaste maison servant de magasin général, où sont déposés les meubles fabriqués par les membres, et qui sont vendus pour le compte de chacun d’eux. L’association prélève 10 pour 100 sur le prix de vente ; 8 pour 100 sont affectés aux frais généraux, à l’amortissement du capital et au paiement des intérêts des sommes empruntées ; les 2 pour 100 restant sont distribués comme dividende aux actionnaires à la fin de chaque année. Cette société, dont les meubles sont renommés pour leur élégance, fait en moyenne pour 225,000 fr. d’affaires, et a distribué en 1861 3,750 fr. de dividendes.

Ces diverses associations sont reliées entre elles par un bureau central dont M. Schultze-Delitsch s’est réservé la direction, et qui réunit tous les documens statistiques. Des informations spéciales tiennent le public au courant des opérations de chacune d’elles. Ce qui fait surtout le mérite de ces institutions, c’est qu’elles se sont constituées sans aucun secours étranger. C’est par leurs efforts personnels, par les privations qu’ils s’imposent,

  1. Voici, d’après le rapport de M. Schultze-Delitsch, comment ces banques étaient réparties en Allemagne :
    Prusse 188
    Royaume de Saxe 54
    Nassau 16
    Provinces allemandes de l’Autriche 15
    Duchés de Saxe 15
    Principauté d’Anhalt 13
    Mecklenbourg 12
    Hanovre 11
    Bavière, Bade, Hesse, etc 40
    304