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chargés de rédiger en forme, de concert avec les commissaires impériaux, les articles du traité. En même temps plusieurs officiers furent détachés des deux armées afin d’étudier les ressources que la ville pourrait offrir en approvisionnemens et en vivres. M. Parkes, M. le comte d’Escayrac de Lauture, chargé d’une mission scientifique par le gouvernement français, M. Bowlby, correspondant du Times, profitèrent de l’occasion pour aller visiter Tong-chaou. Une escorte d’une vingtaine de cavaliers fut jugée suffisante.

Dès son arrivée dans la ville, le secrétaire de l’ambassade anglaise, M. Loch, accompagné de M. Parkes, se rendit auprès du prince Tsaï et de son collègue, et leur remit le projet de convention avec une dépêche dans laquelle lord Elgin, en rappelant les diverses conditions du programme qui avait été arrêté pour la signature à Tong-chaou, pour le campement des troupes et pour le voyage à Pékin, énonçait qu’après l’échange des ratifications il remettrait à l’empereur de Chine la lettre autographe de la reine d’Angleterre. La lecture de cette dépêche raviva les précédentes discussions ; mais il n’y eut de débat sérieux que sur la question d’audience qu’impliquait la remise de la lettre. C’était là, disait le prince Tsaï, une question nouvelle. Il se trompait, car le 3 septembre, à Tien-tsin, dans leur correspondance avec Kouei-liang, lord Elgin et le baron Gros avaient indiqué leur intention de présenter à l’empereur les lettres autographes de leurs souverains. Au milieu de ce débat, M. de Bastard entra dans le salon des conférences. Il fit accepter assez facilement le projet dont il était porteur, et put se retirer avec une note par laquelle le prince Tsaï informait le baron Gros qu’il était d’accord avec lui sur tous les points. Disons immédiatement que la dépêche écrite à cette occasion par l’ambassadeur français ne faisait aucune mention de l’audience. Après le départ de M. de Bastard, dont la mission était remplie, la discussion reprit entre les commissaires impériaux et les envoyés anglais. Le prince Tsaï voulait absolument que lord Elgin renonçât à sa demande d’être reçu en audience par l’empereur. M. Loch répondait qu’il n’avait point d’instructions pour retirer cette demande, mais que la difficulté si inopinément soulevée n’était point de nature à empêcher la signature immédiate de la convention, car cette affaire de l’audience ne figurait point parmi les articles ; elle n’avait été engagée que dans la correspondance, et elle pouvait être examinée de nouveau sous la même forme. Le prince Tsaï parut enfin se laisser convaincre par ce dernier argument, et l’on se sépara d’accord sur la rédaction du traité. Diplomatiquement, la paix était faite : il ne restait plus qu’à la signer.

M. de Bastard quitta Tong-chaou dans la nuit du 17 au 18 sep-