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dans des lieux trop inaccessibles pour qu’on puisse en tirer parti quant à présent. Il estime que les premières, après l’exécution de certains travaux destinés à faciliter les transports, pourront fournir annuellement jusqu’à 3,000 arbres, représentant 4,500 tonnes ou 225,000 pieds cubes, et valant environ 36,000 roupies. Il prescrit en même temps les règles à suivre pour assurer la conservation et la reproduction de ces précieuses forêts.

Les besoins locaux auxquels les forêts de l’Inde doivent satisfaire comprennent en première ligne les constructions publiques et privées, les télégraphes, les chemins de fer. Ces derniers surtout font une consommation énorme de bois de toute espèce, et ont déjà puissamment contribué à l’appauvrissement des massifs boisés. Dans la présidence de Madras seulement, la longueur des lignes concédées est de 1,150 milles qui, à raison de 1,760 traverses par mille, exigeront 2,024,000 traverses. La durée moyenne de celles-ci étant de huit années, il en faudra chaque année 253,000 pour l’entretien de la voie seulement, c’est-à-dire environ 35,000 arbres, chiffre que les forêts locales ne pourront évidemment pas fournir d’une manière permanente. Aussi cherche-t-on, par l’emploi des meilleures essences et par divers procédés de mise en œuvre, à augmenter la durée des traverses, de façon à en rendre le remplacement moins fréquent. Il faut avoir soin de n’employer à cet usage que des bois arrivés à maturité et parfaitement secs, toute trace d’humidité amenant une rapide décomposition, et éviter de mettre en contact deux espèces de bois différentes telles que le chêne et le teck, car le plus dur des deux provoque la détérioration de l’autre.

Ces précautions toutefois ne sont encore qu’un palliatif insuffisant, et l’on commence à pratiquer, comme en Europe, l’injection d’un liquide antiseptique, au moyen duquel on donne aux traverses une durée de vingt ans et plus. Tous les procédés reposent sur un même principe : expulser la sève et la remplacer par un liquide qui, se combinant avec l’albumine renfermée dans le bois, la rende insoluble et l’empêche de s’altérer. Les plus usités sont celui du docteur Boucherie, qui substitue à la sève une dissolution de sulfate de cuivre, celui de M. William Burnett, qui emploie le chlorure de zinc, et celui de M. Bethel, qui fait usage de créosote. C’est à ce dernier procédé que les Anglais paraissent donner la préférence, du moins pour les chemins de fer et les constructions où l’odeur que dégage la créosote n’est point un obstacle à l’emploi de cette substance. Suivant eux, les solutions métalliques ne forment pas avec l’albumine un composé assez solide pour résister à l’action dissolvante de l’eau, et elles sont impuissantes