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CHENONCEAU

Pièces historiques relatives à la Chastellenie de Chenonceau, publiées pour la première fois d’après les originaux, par M. l’abbé Chevalier, 5 vol. in-8o. Paris, Techener, 1864-1866.

Chenonceau n’est guère connu que comme un précieux exemple de l’art de la renaissance. Sur ce point, sa renommée est établie, et son nom, à lui seul, vaut tous les commentaires. Fièrement assis au beau milieu du Cher, sur ces piles massives plus anciennes que lui, sans cesse il reçoit l’hommage de nombreux visiteurs ; mais de tous les curieux qui l’admirent, combien connaissent son histoire ? Quand le guide qui les conduit a prononcé les noms de Diane de Poitiers, de Catherine de Médicis, ils se tiennent pour satisfaits. Cette histoire qu’ils ignorent est cependant remplie d’enseignemens, et ne le cède guère en intérêt à ces beautés architecturales qui seules semblent en droit de fixer l’attention. Chenonceau n’est pas un château comme un autre : par une fortune singulière, il a excité les convoitises et l’amour des plus illustres personnages, il a servi de théâtre à leurs passions, il n’a pas cessé d’être mêlé à leurs destinées, si bien qu’il est en quelque sorte le cadre nécessaire de leurs figures. Décrire Chenonceau, l’étudier comme monument, ce serait presque un lieu-commun : Chenonceau, œuvre d’art, n’a que faire de nos descriptions ; Chenonceau, personnage historique, voilà ce qu’il faut produire. Montrer le rôle qu’il a joué aux époques les plus agitées de notre histoire, dire la place qu’il a tenue dans la vie de tant de personnes célèbres à divers titres, le suivre enfin dans les variations de sa fortune où se reflètent successivement sous un jour particulier les agitations de notre pays, c’est là ce que nous nous proposons. A défaut d’autre