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La comparaison entre le service des chemins de fer français et celui des chemins de fer américains est moins facile à établir, parce que les conditions, quant à la longueur des distances et à la durée des trajets, sont très différentes dans les deux pays ; on comprend que pour des voyages qui durent quelquefois plusieurs jours et plusieurs nuits, l’aménagement du matériel comporte des installations particulières. M. Malezieux n’en signale pas moins divers détails d’organisation que la France pourrait emprunter avantageusement aux États-Unis, et la lecture de ses rapports laisse une impression favorable au régime de l’exploitation américaine.

Un trait commun aux États-Unis et à l’Angleterre, c’est le soin que l’on apporte à ménager autant que possible le temps et les peines du public. Le chemin de fer est destiné à procurer la facilité et la rapidité des mouvemens : c’est ce que, dans les deux pays, on ne perd pas un seul instant de vue pour les combinaisons de service. L’intérieur des gares est disposé de telle sorte que les momens d’attente et les démarches inutiles sont habilement épargnés. Les guichets pour prendre les billets de places sont assez nombreux pour que l’on ne soit pas obligé d’y faire une longue station. Aux États-Unis, les tickets peuvent être pris d’avance dans des bureaux de ville ou dans les principaux hôtels. La manœuvre des bagages y est, comme en Angleterre, réduite aux plus simples formalités. De grands hôtels sont établis à l’extrémité des gares, qui sont situées en général dans le centre même des villes. Les compagnies anglaises n’ont point reculé devant la dépense pour amener leurs rails au milieu de Londres, et elles y trouvent leur profit. La police de l’octroi nous priverait en France d’une partie des facilités qui viennent d’être énumérées ; il en est quelques-unes pourtant dont on pourrait au moins faire l’essai, au lieu d’objecter que les Français n’ont point les mêmes mœurs, les mêmes habitudes, les mêmes besoins que les Anglais ou les citoyens des États-Unis. Il est probable que les Français s’accoutumeraient très vite à obtenir plus aisément les billets de place, à ne point avoir autant d’embarras pour les bagages et à ne pas être condamnés au parcours des 300 mètres qu’il faut souvent franchir avant d’être installé dans le train. Quand on construira de nouvelles gares ou lorsque ton aura l’occasion de modifier celles qui existent, on devra les aménager de manière à rendre possibles ces réformes de détail qui diminueront en France les petites misères du voyageur en chemin de fer.

La forme et la disposition intérieure de nos wagons n’ont point varié depuis de longues années. En Angleterre, un nouveau modèle des voitures de première classe est mieux aéré, grâce à une augmentation de hauteur, et plus confortable au moyen des sommiers