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premiers rangs le roi de Bavière, le prince-primat, tout le corps diplomatique, un grand nombre d’étrangers illustres. M. de Fontanes était au fauteuil de la présidence, et il y paraissait pour la dernière fuis, car il allait échanger ces fonctions contre celles de grand-maître de l’Université. Trois conseillers d’état, les comtes de Ségur, Corvetto et Neri-Corsini, désignés par l’empereur pour porter la parole en son nom, avaient été introduits dans la salle. La séance ouverte, M. le comte de Ségur monte à la tribune. Après avoir proclamé la clôture de la session et annoncé l’ouverture prochaine d’une session nouvelle, il passe à la remise des drapeaux. C’était l’objet principal et le grand intérêt de la séance. On remarqua ce langage si simple, si noble, que rendait plus expressif encore une émotion difficilement contenue. « Un jeune officier chargé de cette honorable mission va être introduit dans cette enceinte ; il vous présentera de la part de sa majesté les nombreux drapeaux pris en Espagne par ses armées victorieuses. » Est-il besoin de dire quels applaudissemens accueillirent ses paroles ? Alors le président lut la lettre suivante, que lui avait adressée treize mois auparavant le maréchal de Berthier.

« Quartier-général impérial, au camp de Madrid, le 21 décembre 1808.


« A son excellence M. le comte de Fontanes, président du corps législatif.

« J’ai l’honneur de vous prévenir, monsieur le comte, que sa majesté l’empereur et roi a chargé M. de Ségur, adjudant-commandant, de porter et présenter au corps législatif les quatre-vingts drapeaux et étendards pris par l’armée française aux combats d’Espinosa, Burgos, Tudéla, Sommo-Sierra et Madrid.

« Cet officier supérieur, qui a pris une part si honorable à l’affaire de Sommo-Sierra, va se mettre en marche, dès que l’état de ses blessures le permettra, pour remplir cette mission, qui est pour lui un témoignage précieux de l’estime et de la satisfaction de l’empereur pour les services qu’il a rendus.

« Je prie votre excellence de recevoir l’expression des sentimens de ma plus haute considération.

« Le prince de Neufchatel, vice-connétable, major-général de l’armée,

« Alexandre. »


Ce fut le moment pour Philippe de Ségur de monter à la tribune et de faire au corps législatif l’offrande de l’empereur et de l’armée. Quelques mots lui suffirent ; imaginez un discours tout militaire, quelque chose de bref et de retentissant, un éclat de fanfare, un chant de clairon. Enfin M. de Fontanes résuma toute la séance dans