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L'ELOQUENCE
POLITIQUE ET PARLEMENTAIRE
EN FRANCE AVANT 1789

II.[1]
LES ORATEURS DES ÈTATS-GÉNÉRAUX DE 1483 A 1615.
PHILIPPE POT, L’HÔPITAL, DU VAIR, ROBERT MIRON.


I

Les états-généraux de 1483, convoqués au lendemain de la mort de Louis XI, couronnent avec une certaine grandeur l’histoire politique du moyen âge. Cette assemblée, l’une des plus imposantes que l’ancienne France ait connues, l’une des plus riches en talens, en convictions vigoureusement soutenues, la plus célèbre, peut-être, par la gravité des questions de principes qui y furent discutées, se réunit à Tours, le 15 janvier, dans la grande salle du palais de l’archevêché où s’étaient déjà tenus les états de 1468. La session, marquée d’incidens notables, dura trois mois ; tout le détail des résolutions prises et des discours entendus nous est fidèlement rapporté dans le volumineux journal du député de Rouen, Masselin, auditeur intelligent des harangues d’autrui et déterminé harangueur lui-même. C’est le plus ample document où l’on puisse étudier les ressorts cachés de ces assemblées, leur intime constitution ; c’est là qu’on voit à l’œuvre l’éloquence, et qu’on apprécie au juste l’action qu’elle exerce, la réalité des succès qu’elle obtient.

Louis XI en mourant laissait une mémoire détestée. Les trois

  1. Voir la Revue du 15 décembre 1879.