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LE
SALON DE 1888

II.[1]
LA SCULPTURE.

L’impopularité et la solitude sont de bonnes conseillères. Tandis que les peintres, fêtés par le monde, flagornés par la presse, glorifiés par les photographes, consument, en général, le plus clair de leurs forces et de leur volonté dans une dispersion stérile d’existence et d’imagination, les sculpteurs, obscurs ouvriers longuement rivés à leurs tâches par la résistance d’une matière moins docile, mais plus durable, poursuivent, au contraire, dans le silence de leurs ateliers humides et nus, leur rêve éternel avec une obstination touchante. Ici, peu ou point d’incertitude sur le but à atteindre et sur les moyens à employer. Le but, c’est d’abord la réjouissance des yeux par la combinaison harmonieuse des formes vivantes, c’est ensuite, pour les œuvres supérieures, l’exaltation de l’esprit par la beauté ou l’intensité d’expression donnée à ces formes reposées ou en mouvement ; les moyens, c’est la connaissance exacte et l’emploi judicieux de l’anatomie humaine. Malgré la faiblesse relative d’un certain nombre de morceaux, trop incomplets ou trop

  1. Voyez la Revue du 1er juin.