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dans l’atmosphère une quantité prodigieuse de parcelles infinitésimales sous forme de fumée et de cendres ; les météorites enfin qui pénètrent dans notre atmosphère au nombre d’une dizaine de millions par jour, en moyenne, et qui s’y résolvent en poussière, ajoutant aux poussières déjà existantes celles qui résultent de la pulvérisation de matériaux qui ne peuvent guère peser, — par jour, — moins de 100 tonnes, ni plus de 1,000 tonnes. Est-ce tout ? Peut-être que non[1], mais en vérité c’est assez, et on se demanderait plutôt dans ces conditions comme nt il se fait que nous respirons encore, dans le milieu semi-solide, semi-aérien, où nous nous agitons. Il faut donc admettre que l’atmosphère tient en suspension un nombre énorme de poussières variées, un nuage le plus souvent invisible, formé de débris infinitésimaux de toute sorte.

En certains cas, ce nuage devient visible. M. S.-P. Langley, l’astronome américain, l’a vu clairement en 1878, du sommet de l’Etna, et en 1881 du mont Whitney, la cime la plus élevée des États-Unis. « De la vallée, dit-il, l’atmosphère était d’une transparence superbe. Mais du haut de la montagne nos regards étaient arrêtés par ce qui semblait être un océan de poussière, à surface plane, invisible d’en bas, mais dont la profondeur atteignait 6 ou 7,000 pieds, car de la chaîne montagneuse en face de nous la partie supérieure seule était nettement visible. La couleur de la lumière réfléchie par cet océan de poussière était d’un rouge franc, et cet océan s’étendait jusqu’à l’horizon en tout sens… À la hauteur où nous étions, le ciel était d’un violet remarquablement foncé, et il

  1. L’air renferme, on le sait, un grand nombre de poussières organiques vivantes : des spores, des grains de pollen, et enfin des microbes. À certains momens, l’air renferme une quantité énorme de ces derniers. M. L. Manfredi a montré, en effet, que la poussière des rues de Naples renferme de 10 millions à 5,000 millions de microbes par gramme de poussière. Beaucoup de ceux-ci sont pathogènes : on y trouve en particulier les microbes du tétanos, de la tuberculose, de la septicémie, etc., et il est évident qu’au moindre vent qui répand cette poussière dans l’atmosphère, le nombre des parcelles contenues dans l’air doit augmenter considérablement, et le vent doit les répandre et les disperser au loin.