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et la police a prescrit aux hôteliers et aux logeurs de signaler immédiatement l’arrivée des voyageurs venant de Russie, afin de les soumettre, pendant cinq jours, à des visites médicales. Le gouvernement hongrois a mis en quarantaine les provenances des provinces danubiennes ; le gouvernement serbe a fait de même pour celles de la Russie et de la Roumanie ; celle-ci a, de son côté, établi un cordon sanitaire le long de sa frontière russe. Le Danemark met en quarantaine les provenances des ports de la Baltique. À Berlin, les mesures sanitaires ont été inspirées par le docteur Koch. On a supprimé le service des sleeping-cars sur la ligne de Hambourg. Les voyageurs venant de cette ville, ainsi que d’Altona, sont examinés minutieusement à la gare de Lehrte, et on s’apprête à organiser un service d’inspection dans toutes les gares frontières en Bohême et en Silésie.

Le Portugal met en quarantaine les provenances d’Allemagne, d’Autriche et de Belgique. L’Angleterre a pris, depuis longtemps, les mesures conformes à ses principes en matière sanitaire, et l’Amérique met en quarantaine les navires provenant de tous les ports d’Europe où des cas de choléra ont été signalés. Enfin, il n’est pas jusqu’à la Turquie qui n’ait montré quelques velléités de résistance au fléau. Le sultan a déclaré qu’il allouerait un crédit important pour l’assainissement de Constantinople. Je ne sais pas s’il donnera suite à cette mesure invraisemblable, et je ne connais pas la somme qui y sera consacrée, mais je suis sûr par avance qu’elle sera insuffisante.

En France, nous n’avons pas eu à prendre de précautions sur nos frontières, et nous ne nous attendions pas à voir le choléra nous arriver par Le Havre. On a pris dans cette ville les mesures nécessaires pour l’assainissement des quartiers insalubres, pour la visite des malades et leur transport dans les hôpitaux.

Quant à Paris, l’administration est prête, et l’organisation qui y fonctionne depuis quatre mois pour la petite épidémie de la banlieue, est en mesure de faire face à tous les besoins. C’est la première fois qu’un service complet et régulier de préservation sanitaire est soumis à une direction unique et compétente, et marche avec ensemble.

La préfecture de police, dans les attributions de laquelle il est placé, a constitué un bureau des épidémies et des épizooties qui concentre toutes les informations que les différens services de la ville lui transmettent par le téléphone, et donne au personnel médical les indications nécessaires. Il fonctionne depuis le 15 juillet. Le conseil d’hygiène et de salubrité du département de la Seine avait, dès le début, nommé dans son sein une commission permanente