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cubes en un jour. Elle fournit aussi au lac de Gravelle les quelques milliers de mètres cubes, répartis dans les charmans petits lacs du bois de Vincennes. — C’est au puits de Passy qu’est confié le soin d’entretenir ceux du bois de Boulogne. — On peut estimer que le prix de revient des mille litres d’eau de rivière, rendus dans le réservoir, varie entre deux centimes et demi et quatre centimes. Ce n’est pas cher, en vérité, l’eau de l’Ourcq coûte moins cher encore, on le comprend. En définitive, l’administration municipale a ainsi à sa disposition un volume de 430,000 mètres cubes d’eau, d’un prix peu élevé, qui assure largement le service public. Si d’ailleurs on réfléchit que la superficie des voies publiques à entretenir en état de propreté dépasse 15 millions de mètres carrés, et que celle de nos squares, jardins et parcs atteint presque 2 millions de mètres ; ce n’est déjà plus que 25 à 26 litres d’eau par mètre, ce qui n’a rien d’excessif. Tout le volume disponible n’est d’ailleurs pas utilisé sur la voie publique. Certaines industries, celles, en particulier, qui produisent de la vapeur, les tanneries, les teintureries, beaucoup d’autres encore, emploient ces eaux du service public, dont l’abonnement est, comme il convient, moins cher que celui de l’eau de source. — Ce qui était d’abord pour ces industries une faculté est devenu une obligation. Un arrêté préfectoral du 22 novembre 1889 stipule que l’eau de source doit être exclusivement consacrée aux usages domestiques. Il interdit de l’employer, notamment au lavage des cours, à l’arrosage des jardins, au service des écuries et des remises et « aux autres usages quelconques, » comme on dit en style administratif.

Cette ordonnance est le premier symptôme officiel, — symptôme d’ailleurs tardif, — de la pénurie d’eau de source qui, depuis plusieurs années, se fait sentir à certains momens de l’année. C’est une date à retenir. — C’est qu’en effet la consommation d’eau de source s’est développée beaucoup plus vite qu’on ne le prévoyait. Les 135,000 mètres cubes d’eau de source que Ménilmontant et Montrouge livrent moyennement en 24 heures au service privé se réduisent de près d’un cinquième, quelquefois d’un quart, dans le trajet des réservoirs au robinet des abonnés. C’est beaucoup. Mais l’art du fontainier municipal n’est, paraît-il, pas encore arrivé à un degré de perfection suffisant pour qu’on puisse lui demander de mieux étancher les joints de ses tuyaux et les boisseaux de ses robinets. Restent alors pas beaucoup plus de 100,000 mètres cubes qui sont réellement distribués. Et n’en a pas qui veut. Paris compte environ 80,000 immeubles particuliers. 50,000 seulement sont abonnés aux eaux de source. Les habitans des 30,000 autres se procurent l’eau comme ils peuvent, là où ils peuvent, et, on le devine bien, ce sont les moins fortunés de nos concitoyens. Ils ont,