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deux ou trois de consacrées au culte de la science pure, comme le Collège de France ou le Muséum d’histoire naturelle. On n’y passe point d’examens ; ils ne décernent pas de diplômes ou de brevets ; et ils ne conduisent ni ne mènent à rien, je veux dire à rien qu’à savoir. Nos Universités sont déjà plus « utilitaires » ; elles confèrent des diplômes, et ces diplômes, de bachelier, de licencié, de docteur, dont le dernier seul a quelquefois, pas toujours ! mais quelquefois, une valeur scientifique, ont surtout et d’abord une valeur d’Etat. Ils sont, à la fois, — et c’en est le grand vice, — des sanctions d’études, et le titre exigé pour entrer dans une carrière. Nos Universités préparent des avocats, des médecins, des professeurs ; et c’est tant mieux s’il en sort des savans ou des érudits ! mais elles ne sont pas instituées, quoi qu’elles en pensent, et on ne les a pas organisées pour en former. Enfin de grandes écoles, telles que l’Ecole polytechnique ou l’Ecole normale supérieure, ne sont de leur vrai nom que de hautes « Ecoles professionnelles », dont l’objet premier, l’objet principal, l’objet essentiel est de subvenir au recrutement de quelques grands services publics, de sorte que, si l’on en modifiait étourdiment le régime, comme on nous menace périodiquement de le faire, c’est la qualité de ce recrutement qui s’en trouverait compromise, et toute une catégorie de grands services qui en serait elle-même modifiée dans son fond. Il est curieux et intéressant de noter en passant que, de toutes ces institutions, les plus désintéressées sont les plus anciennes, et datent de l’ancien régime. Le gouvernement de la Restauration y a ajouté le Conservatoire des Arts et Métiers ; et M. Victor Duruy, voilà tantôt une trentaine d’années, l’Ecole pratique des hautes études. Les Ecoles d’Athènes et de Rome, où de jeunes professeurs et des archivistes paléographes se perfectionnent librement dans les connaissances nécessaires à l’exercice de leur futur métier, sont des « Ecoles d’application » comme l’Ecole des ponts et chaussées ou l’Ecole du génie maritime.

Il y a également différens types d’Universités américaines. Il y a des Universités d’Etats, — comme l’Université de Virginie, par exemple, ou comme l’Université de Michigan (Ann Arbor), — qui sont indépendantes, sans doute, en ce sens qu’elles s’administrent souverainement elles-mêmes, mais dont l’indépendance est pourtant limitée en quelque mesure par les subventions qu’elles reçoivent de l’État de Michigan ou de Virginie. Deux des principales