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CÔTES ET PORTS FRANÇAIS DE L’OCÉAN

pointe des Dunes à la pointe Sainte-Anne. Un luxueux casino de style mauresque, des chalets élégans, des plantations intelligentes assurent à cette station balnéaire une clientèle plus sérieuse que mondaine et qui paraît devoir avec raison lui rester fidèle.

Le paysage d’Hendaye-Plage est un des moins connus et peut-être un des plus beaux de la côte basque. Les falaises abruptes de la pointe Sainte-Anne et du cap Figuier, couronnées de verdure se découpent en vigueur dans un ciel presque toujours d’une admirable pureté. À l’horizon se profile l’élégante dentelure des neiges pyrénéennes. Au premier plan, le va-et-vient de la marée dans l’estuaire de la Bidassoa donne une très grande variété au golfe tour à tour inondé et asséché. La ligne de séparation de la France et de l’Espagne se dessine à basse mer par une ligne ondulée, mince filet d’eau presque toujours guéable ; mais la barrière n’est que politique et en quelque sorte conventionnelle. Des deux côtés de la gracieuse rivière, la terre présente dans ses moindres détails le même aspect, et les hommes ont gardé depuis plusieurs siècles les mêmes traits, les mêmes goûts, les mêmes mœurs qui les ont en quelque sorte cimentés entre eux et isolés des deux grands pays auxquels ils appartiennent. C’est bien toujours cette petite race basque, indépendante et fière, continuant à parler sa langue plusieurs fois millénaire, d’origine un peu mystérieuse, et constituant en réalité, sur la côte vasconne et cantabrique, depuis Bayonne jusqu’à Bilbao, un peuple à part, que la pression et l’aspiration continues de la centralisation administrative ont sans doute rattaché officiellement d’une part à Madrid, de l’autre à Paris, mais n’ont pu complètement altérer ; et qui gardera longtemps encore son caractère et sa physionomie, sa grâce un peu sauvage, ses admirables qualités physiques, et l’amour de ses vieilles libertés.

III

Trente kilomètres environ, de l’embouchure de la Bidassoa à celle de l’Adour. La côte est hérissée de falaises dentelées entre lesquelles s’enfonce une série de petits fiords, quelques-uns d’un accès facile, petits ports naturels pouvant servir de refuge temporaire aux pêcheurs surpris par un coup de mer et qui, très certainement, ont abrité bien des fois les premiers navigateurs dont les navires se hasardaient rarement au large. Deux accidens à