faire ce que font toujours les femmes de ce trésor qui n’est pas à leur usage,… un très prompt sacrifice.
— Ah ! par exemple ! s’écria Mme Helmann. Il me semble que vous n’y avez jamais renoncé, vivant comme vous le faites à votre guise, sans vous imposer aucune corvée. Je ne connais pas de femme qui s’affranchisse autant que vous des entraves que nous subissons toutes, reprit-elle aigrement, car Mme Helmann représentait par excellence le monde, et la seule chose que le monde ne pardonne pas c’est que l’on sache se passer de lui.
L’habitude quasi professionnelle de la flatterie aimable lui fit ajouter aussitôt :
— Il est vrai que si vous vivez dans la retraite, c’est pour le plaisir de ceux qui vous lisent…
Mais au fond elle en voulait à Marcelle de ne pas fréquenter davantage son salon où la réputation de Tchelovek s’était établie une première fois, Mme Helmann aimait à le rappeler.
Les visites arrivaient plus nombreuses, se succédant, se renouvelant ; à deux ou trois reprises, Robert s’était levé, mais toujours sa cousine l’avait retenu :
— Vous me devez votre après-midi tout entière. Ne faut-il pas que vous renouiez connaissance avec nos vieux amis communs ? Et d’ailleurs, mon mari ne me pardonnerait pas de vous avoir laissé partir avant son retour. Allons, Nicole, confie Rosette à sa bonne et viens le séduire un peu…
Si Jean Salvy ne tenait pas la promesse qu’il avait faite de rentrer de bonne heure ce jour-là, c’est que sur le boulevard il avait rencontré Varades. Les deux amis foulaient l’asphalte ensemble entre la Madeleine et le Café Anglais, revenant toujours sur leurs pas, sans pouvoir en finir avec un sujet qui laissait Salvy assez indifférent, mais qui, pour l’autre, semblait avoir la gravité d’une question de vie ou de mort.
Cette gueuse d’Alberte le quittait !… C’était la cinq ou sixième fois, du reste, qu’arrivait pareille aventure, toujours suivie d’un raccommodement. Alberte qui lui devait tout… ses plus beaux rôles d’abord, ceux qui avaient assuré sa réputation !…
— Oui, mais tu ne lui en donnes plus de nouveaux, puisque te voilà jusqu’au cou dans la politique.
