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UNE CORRESPONDANCE INEDITE
DE
PROSPER MÉRIMÉE

Présenter Prosper Mérimée aux lecteurs de la Revue des Deux Mondes me paraît superflu. D’autres l’ont fait ici même mieux que je ne le saurais faire[1]. Le correspondant et l’ami auquel il adressait les trente-quatre lettres que nous publions aujourd’hui est, au contraire, beaucoup plus oublié et peut-être n’a-t-il jamais obtenu en France toute la célébrité que méritaient son savoir, son talent, et l’originalité de ses théories.

Joseph-Arthur de Gobineau, né à Ville-d’Avray le 14 juillet 1816, était le dernier rejeton mâle d’une très ancienne famille normande dont il devait lui-même écrire l’histoire[2]. Il amassa de très bonne heure les matériaux de sa vaste érudition, et, de 1835 à 1849, publia une grande quantité de travaux littéraires dans plusieurs recueils, entre autres une étude sur Capodistrias, parue dans la Revue des Deux Mondes, du 15 avril 1841. Parmi les amis du jeune homme, le plus éminent était Alexis de Tocqueville, qui lui garda jusqu’à la fin de sa vie une affection presque paternelle et qui, devenu ministre des Affaires étrangères en 1849, en fit son chef de cabinet. En 1850, il fut envoyé comme secrétaire d’ambassade à Berne, puis à Hanovre,

  1. Voyez, entre autres : Prosper Mérimée à propos des lettres inédites, par M. le comte d’Haussonville. Revue des Deux Mondes du 15 août 1879. — Prosper Mérimée d’après des Souvenirs personnels et des documens inédits, par M. Aug. Filon, dans la Revue des Deux Mondes des 1er avril, 1er mai, 1er et 15 juin 1893. — Les Lettres de Mérimée, par M. René Doumic, Revue du 15 octobre 1897.
  2. Histoire d’Ottar Jarl et de sa descendance. Paris, 1879, Perrin.