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qu’on rencontre entre le Sud algérien et le grand lac intérieur, où les accords internationaux nous assurent des droits indiscutables.

Non moins que l’ouverture de voies de communication de toute nature, les questions de crédit doivent, surtout dans un pays neuf, solliciter l’attention du gouvernement. Mais, tandis qu’en matière de travaux publics, il a l’initiative et l’exécution, quand il s’agit de crédit, son action est bien plus restreinte ; il peut poser les bases de certaines institutions, mais, cela fait, à moins de prétendre jouer le rôle d’ « Etat-Providence, » il doit laisser aux particuliers le soin de développer et de faire fructifier la semence qu’il a jetée. La question du crédit se rattache étroitement au mode de constitution de la propriété, car, au début d’un établissement, le prêteur, peu renseigné sur la solvabilité personnelle de l’emprunteur, tient à s’assurer, avant tout, des garanties immobilières, et, d’autre part, pour l’emprunteur, la possibilité de fournir des garanties de cet ordre améliore singulièrement les conditions du prêt. Nous laissons ici de côté le crédit commercial, la Banque d’Algérie et quelques établissemens privés, l’assurant dans des conditions qui se rapprochent plus ou moins de celles de la Banque de France ; sans doute, on a cité fréquemment des abus dans le trafic de certaines signatures : ce sont là des inconvéniens qui résultent non d’un vice des institutions, mais des mœurs locales.

Dans un pays de culture, ce qui prime tout, c’est l’organisation du crédit agricole, question complexe par excellence, puisque, dans la métropole même, on n’est pas encore arrivé à la résoudre complètement. Pour les personnes européennes ou indigènes, qui détiennent le sol à titre de propriété individuelle, il est possible en théorie d’emprunter dans les mêmes formes qu’en France ; il existe en effet un Crédit foncier algérien, et cet établissement, qui, pendant longtemps, a opéré surtout dans la métropole, commence à effectuer des prêts dans la colonie. Les Chambres, lors d’un précédent renouvellement du privilège de la Banque d’Algérie, avaient émis le vœu, sans toutefois l’inscrire dans le texte de la loi, de voir cet établissement consentir des prêts à l’agriculture. On était alors dans la période où la culture de la vigne donnait de beaux résultats et des espérances plus belles encore ; les colons se présentèrent en foule aux guichets de la Banque, qui, soit qu’elle partageât elle-même la confiance